07/11/2017
L'obscurantisme entre au Collège de France
Le Monde daté du 4 nov. 2017 a publié un entretien accordé par Françoise Héritier. Un coup d’oeil sur ce texte serait riche d’enseignements. Je n’aborderai, cependant, qu’un seul point qui m’a fait sursauter. Il porte sur la différence de morphologie entre les sexes. La journaliste lui demande : “Comment expliquez-vous l’universalité de la domination masculine (...)?”. F. Héritier ne répond pas à la question posée mais à une autre question, à savoir “dans quel but les hommes ont-ils établi leur domination? Pour cela il fallait qu’ils soient plus forts. L’étaient-ils naturellement? Une féministe ne saurait admettre qu’il y ait du naturel dans la différence des sexes. C’est pourquoi la journaliste revient à la charge: “On ne peut nier une différence de stature physique” dit-elle. C’est alors que Mme Héritier atteint un sommet dans l’art sophistique. Dans sa bouche l’inégalité de taille devient une “dysmorphie” (malformation, difformité) alors que dans de nombreuses espèces animales la différence d’aspect entre mâles et femelles est importante et parfois spectaculaire. Aucun savant ne qualifierait de la sorte le fait que la paonne soit dépourvue de la queue splendide de son compagnon. Les femmes seraient donc difformes, au jugement de Mme Héritier alors que les « machos » les qualifient de « beau sexe ». Etrange féminisme en vérité ! Il étonnera moins si l’on tient compte de sa fonction dans la rhétorique de Mme Héritier. Pourquoi les femmes sont-elles plus petites et moins musclées que les hommes ? Parce que ceux-ci sont chargés de la chasse et de la défense du groupe face aux prédateurs et aux ennemis alors que les femmes assurent sa reproduction. Aussi est-ce pour cette même raison qu’en cas de danger un principe absolu s’impose : « les femmes et les enfants d’abord ! » Selon Mme Héritier un principe contraire conduit à privilégier les hommes dans la répartition de la nourriture. Ils se réserveraient « les protéines, la viande, les graisses, tout ce qui est nécessaire pour fabriquer les os. Alors que les femmes recevaient les féculents et les bouillies (…) C’est cette discordance dans l’alimentation – encore observée dans la plus grande partie de l’humanité – qui a abouti à une diminution de la taille des femmes (…) Encore une différence qui passe pour naturelle alors qu’elle est culturellement acquise ». Il serait vain de réfuter ce tissu d’absurdités motivées par la haine car chacun sait d’expérience qu’aucune femme n’est privée de protéines à cause de son sexe. La réponse de Mme Héritier nous la connaissons parce qu’elle l’a déjà donnée dans son entretien. « La domination masculine existe depuis la nuit des temps » nous a-t-elle dit. La moindre force physique des femmes serait un héritage de ce passé. Elles ne sont pas carencées en protéines aujourd’hui mais elles l’ont été à l’époque préhistorique. Mme Héritier est, on le voit, une disciple de Lamarck et du stalinien Lyssenko. Elle croit à l’hérédité des caractères acquis. Elle répudie la doctrine néo-darwinienne et ne connaît pas le principe de la continuité du plasma germinatif d’August Weismann. Elle en est restée à Buffon. Il est lamentable qu’un tel degré d’obscurantisme puisse se parer du beau titre de professeur au Collège de France.
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