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05/01/2009

L’anti-art à Versailles Les raisons inavouables

 Ce qu’on devrait nommer non-art s’étale au Louvre, au musée Rodin, au château de Fontainebleau et au palais de Versailles sans compter des expositions plus anciennes à Saint-Etienne-du-Mont et Saint-Eustache. Il y est invité par les autorités de l’Etat et de l’Eglise qui se gardent bien d’accorder ce privilège aux artistes véritables, condamnés à une sorte de clandestinité. Comment expliquer un phénomène aussi étrange et qui sans doute, un jour, paraîtra monstrueux ?

Après avoir consacré des milliards en France et dans le monde à la construction de musées du prétendu « art contemporain », les tenants de cette supercherie ont dû se rendre à l’évidence : le public cultivé déserte ces espaces. La solution qu’ils ont trouvée à leur problème de fréquentation a été de coloniser et de parasiter les hauts lieux du grand art traditionnel. De la sorte, ils peuvent aussi insinuer l’idée que le non-art est de l’art au même titre que celui d’autrefois avec l’avantage d’être contemporain. Cette propagande est bien éloignée de la vérité car l’art contemporain est centenaire et prend le contre-pied de l'art.

L’identification du non-art à l’art est une usurpation d’identité grâce à laquelle le premier se substitue au second afin de l’éliminer car il ne peut en supporter la concurrence pas plus que les ténèbres ne peuvent subsister en présence de la lumière.Le monde du non-art s’est hissé à sa position dominante en s’appuyant sur des caractéristiques d’une époque où plus que jamais règne l’argent. Jadis une œuvre d’art était recherchée parce qu’elle était source de délectation esthétique. Aujourd’hui on lui attribue de la valeur parce qu’elle coûte cher. Il y a confusion de la valeur d’échange avec la valeur d’usage. C’est bien commode pour les béotiens fortunés car pour apprécier les objets « art contemporain », il suffit de savoir compter, alors que discerner le remarquable du médiocre dans l’art proprement dit exige du goût et de la culture.     

La cote du non-art est maintenue grâce à la conjonction de trois tendances prédominantes chez ses acquéreurs. Ce sont avant tout de nouveaux riches collectionneurs, joueurs et snob. Se fixer sur n’importe quel objet indépendamment de sa valeur réelle est typique de la manie du collectionneur. Le joueur, quant à lui, veut gagner beaucoup et vite. S’il peut influencer la chance parce qu’il détient certaines informations ou parce qu’il peut créer certains événements c’est mieux que de jouer à la roulette. Il devient alors spéculateur. La spéculation sur l’art contemporain est celle qui, pour quelques-uns, présente le moins de risques tout en étant la plus gratifiante parce qu’elle flatte leur snobisme. Daniel Buren l’a reconnu candidement dans une interview au Monde du 25 juillet : « La seule façon pour un nouveau riche de passer la barrière infranchissable de l’establishment, c’est d’y entrer par le biais du monde de l’art. Celui qui donnait dix œuvres au Musée d’art moderne de New York pouvait dîner à côté de Rockfeller » (fondateur du musée). Pour faire fonctionner les réflexes du snobisme; pour faire saliver au bon moment les chiens de Pavlov, il fallait cependant un conditionnement préalable. Il fut assuré par le discours habile des avant-gardistes qui commencèrent par persuader les philistins bourgeois que plus une œuvre s’éloignait de la conception canonique de l’art plus elle était géniale. Dans un second temps, ils ont exploité la peur panique des politiciens de ne pas être assez modernes, assez avancés. En effet, chez le snob, rien ne rend bête comme la peur de le paraître.

Cette situation ne durera pas toujours. L’idole de la modernité est vouée à la faillite comme les précédentes, par exemple le communisme lui aussi fondée sur la croyance au productivisme et au progrès qu’il apporterait. Un progrès dont on voit qu’il détruit la planète. En attendant, l’Etat, loin de mener une « politique de civilisation », propage la barbarie en prenant en otage les visiteurs de Versailles. Les princes qui nous gouvernent se sentent apparemment obligés de promouvoir des charlatans à cause des intérêts colossaux en jeu : qu’on songe aux milliards qui partiraient en fumée si l’on reconnaissait que le roi est nu et que le non-art est du non-art au grand dam de MM Pinault, Arnault, Saatchi, Ludwig et compagnie.

 

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