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29/05/2012

Le parasitage des églises par le non-art d'Etat

 

Aude de Kerros vient de publier un livre intitulé Sacré art contemporain, riche d’informations peu connues sur les rapports entre l’Eglise catholique et une autre Eglise, elle aussi fondée sur la foi, cet appareil bureaucratique (les « inspecteurs de la création ») qui impose avec l’aide des médias le non-art à la place de l’art. En permettant aux anartistes et à leurs soutiens officiels de pervertir les lieux de culte pour les mettre au service non de Dieu mais de son ennemi, les évêques de France ont vendu leur âme au diable. Je n’exagère rien. On trouvera dans le livre cité toutes les preuves. Aude de Kerros appelle cette opération, « Déprogrammer – Reprogrammer ». Un codage et une liturgie athées (voire lucifériens) se substituent à un codage et une liturgie chrétiens. Un seul exemple. En juillet 2009 une danseuse contemporaine présenta une performance dans la chapelle paroissiale de Saint Pierre de Mahalon. Elle et son partenaire achevèrent leur « dialogue » avec les lieux par un strip-tease intégral sur l’autel. Le maire et les ecclésiastiques présents ont dit qu’ils avaient été mis devant le fait accompli ; mais si, avertis, ils avaient refusé, on les aurait accusés de censure. Cela est arrivé tant de fois que l’Eglise en est venue à tout accepter.       

Aude de Kerros expose l’argumentation des apologistes du prétendu « art contemporain » en laissant clairement entendre qu’elle les désapprouve mais le plus souvent sans les réfuter. Dans sa contribution au colloque La guerre civile perpétuelle, (Artège Editions 2012  pp 185-186), elle cite Arthur Danto disant « est de l’art ce que le milieu de l’art considère comme tel ». Il eût été souhaitable que l’attention du lecteur fût attirée sur le caractère circulaire de cette définition. Les boîtes Brillo de Warhol ont été reconnues  par le milieu du non-art.  

Dans ce milieu tout peut-être de l’art parce que le jugement en la matière est considéré comme purement subjectif et arbitraire. « C’est le regardeur qui fait le tableau », disent-ils, en citant, plus ou moins, Marcel Duchamp. Ils ajoutent qu’« est beau ce que celui qui regarde trouve beau ».  Certes, la dimension psychologique de l’expérience esthétique est incontestable mais elle ne peut être réduite à cette dimension. On ne peut en faire un phénomène uniquement subjectif car cette expérience a une cause objective à savoir l’œuvre d’art qui nous la procure. Le psychologisme n’est pas plus fondé en esthétique qu’il ne l’est en mathématique. Le raisonnement et l’intuition dans ce dernier domaine sont aussi des processus qui se déroulent dans la conscience mais cela n’y autorise pas le relativisme psychologiste comme l’a montré Husserl. Il y a une différence entre ce qui est de l’art et ce qui ne l’est pas et aussi une différence (d’un autre ordre) entre ce qui est beau, c’est-à-dire source d’émotion esthétique, et ce qui, ne l’étant pas, nous laisse indifférent.

Aude de Kerros cite aussi un livre paru en novembre 2002, L’Eglise et l’Art d’avant-garde – La Chair et Dieu, fruit d’un dialogue entre l’expert d’art contemporain New Yorkais Gilbert Brownstone et deux évêques, Mgr Rouet et Mgr Louis. On y lit sous la plume de Brownstone : « Dans un univers en proie aux contradictions, une esthétique prônant la beauté et l’harmonie serait hypocrite » (p 23 et p 85). Par les temps qui courent, il règne dans les esprits une telle confusion qu’Aude de Kerros, n’aurait pas dû, là encore, compter sur le lecteur pour opposer au sophiste américain l’objection qui s’impose : se pourrait-il que le monde de la Renaissance ou de l’Antiquité n’ait pas été en proie aux conflits et aux contradictions ?

Le prétendu « art contemporain » est nul, disait Baudrillard. Rien d’étonnant si le discours qui en fait l’apologie ne l’est pas moins. Aude de Kerros qui a tendance à le prendre trop au sérieux nous donne pourtant une preuve de sa vacuité : il ne supporte pas la contradiction. Aucun point de vue critique le concernant ne peut s’exprimer du moins dans les lieux bénéficiant d’une visibilité minimale : presse quotidienne, revues principales, médias de l’audiovisuel, grands éditeurs et donc étalages des libraires. Même La Procure a refusé le livre d’Aude de Kerros.  Le responsable des Bernardins, Jérôme Alexandre opposa une fin de non recevoir à la proposition d’un débat entre partisans de l’art et partisans de « l’art contemporain » nous apprend l’auteur p 117. Ces gens préfèrent monologuer entre eux. C’est plus sûr.

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