Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/11/2012

Pascal Bruckner contempteur courageux de l'écologie

 Dans Le Sanglot de l’homme blanc, Pascal Bruckner avait moqué jadis la propension occidentale à la repentance pour des crimes soit imaginaires soit véniels comparés à ceux que d’autres pourraient se reprocher. Plus récemment, il a publié Le Fanatisme de l’apocalypse, Sauver la terre, punir l’homme dont le titre exprime bien la tendance. Ces derniers jours, il s’est mis en tête de protéger l’Europe contre son peu de confiance en elle-même, son « scepticisme » comme il dit. « Peur de la science, de la technologie, de l’alimentation, de la médecine, du climat, des intempéries : le catalogue de nos terreurs intimes ne cesse de s’allonger » (Cf. Le Monde 3 nov. 2012). Notre « défaitisme » nous conduirait à nous « flageller tout en prédisant la fin du monde ». On voit qu’une des cibles de Bruckner est l’écologie dont il admet, certes, qu’elle fut une « grande idée » mais pour en dénoncer aussitôt la « dégradation […] en catastrophisme routinier [qui] est en soi un désastre comparable aux ravages infligés à l’environnement ». En somme nous serions « des ennemis du progrès » ! Critique identique à celle adressée au « Club de Rome » quand, il y a quarante ans, il attira l’attention sur Les limites de la croissance. On pourrait s’attendre à ce que les intellectuels mettent les valeurs de l’esprit au-dessus de tout. Ce n’est pas toujours le cas. Il en est beaucoup qui évaluent le progrès selon une mesure arithmétique : l’augmentation du PIB. Or celle-ci ne peut se poursuivre à l’infini sur un globe fini. C’est pourquoi le cri d’alarme du « Club de Rome » était fondamentalement juste et opportun. Les nombreuses recherches effectuées depuis ont plus que confirmé le bien-fondé de l’inquiétude qu’il exprimait. N’en déplaise à Bruckner, le problème n’est pas que nous ayons peur mais que nous soyons assez inconscients pour ne pas voir que nous nous hâtons vers un précipice. Aujourd’hui, nous avons une vue beaucoup plus complète qu’en 1972 des dangers qui menacent la vie sur terre et l’avenir de l’humanité. Dangers qui sont allés en s’aggravant précisément à cause du lobbying des gros capitalistes et des plumitifs à leur solde qui a empêché qu’on adopte des mesures en faveur de l’environnement. Ces mesures, telles que la taxe climatique aux frontières de l’Europe préconisée par Monique Barbut (Cf. Le Monde 23 août 2012), n’auraient que des avantages. Cependant, même si l’on pense qu’elles comporteraient un coût, elles n’en resteront pas moins nécessaires et leur coût ira en augmentant avec chaque année perdue jusqu’au moment où le mal sera irréversible. Ce ne sont pas seulement les générations futures qui payent pour notre inertie. Les conséquences de celle-ci nous frappent déjà tous les jours et de plus en plus durement. Par rapport à un enjeu absolument sans prix, les misérables marchandages de maquignons auxquels nous avons assisté aux sommets internationaux (Copenhague, etc.) semblent insensés Nous sommes, hélas, aussi bêtes que Tarquin face à la Sibylle de Cumes. Nous paierons le même prix trop tard et pour un résultat cent fois pire.

Les commentaires sont fermés.