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06/05/2012

L'anti-racialisme racialiste de Badiou

  Alain Badiou se compare volontiers, en toute modestie, à Socrate ou Platon. Est-il le plus habile des sophistes contemporains ? Je ne le pense pas car ses procédés sont tellement cousus de fil blanc qu’ils se distinguent surtout par leur maladresse. J’appelle sophiste le démagogue, voire le sycophante qui tente de discréditer ses adversaires en jouant sur le choix des mots. Celui-ci n’obéit pas à des critères d’exactitude et de propriété, le but n’est pas de dire le vrai mais de manipuler le lecteur. A cet égard, son dernier article intitulé « Le racisme des intellectuels » (Le Monde 6-7 mai 2012) atteint un sommet dans l’outrance et l’impudence. Démonter le mécanisme de la rhétorique badiouesque pourrait instruire en amusant.

Notre philosophe s’indigne « des décisions persécutoires (sic) flagrantes, comme celles qui visent à expulser de l’espace public telle ou telle femme sous le prétexte qu’elle se couvre les cheveux ou enveloppe son corps ». « Ah qu’en termes galants ces choses-là sont mises! ». Se pourrait-il que la loi interdise aux femmes de se promener dans la rue (espace public) avec un fichu sur la tête ou qu’elle leur interdise d’envelopper leur corps ? Devraient-elles se montrer nues ? Quelques lignes plus bas, l’imprécateur s’en prend à ceux qui redoutent les « menaces sur notre magnifique laïcité » ou qui se mobilisent au nom « du ‘’féminisme’’ outragé par la vie quotidienne des dames arabes ? » Badiou pourtant ne peut ignorer que dans leur vie quotidienne les femmes arabes  sont bien souvent soumises (malgré le titre de dames qu’il leur octroie) à un statut d’infériorité incompatible avec nos valeurs. Il se déshonore dans ce cas en assortissant de guillemets le mot féminisme.   

Badiou veut protéger « les mineurs récidivistes, surtout s’ils sont noirs ou arabes ». D’une manière générale, il est obsédéc par l’origine ethnique. Les seuls qui n’ont pas le droit de s’en prévaloir sont les Français. Il voudrait que soient expulsés les hommes politiques « plutôt que les très respectables ouvriers marocains ou maliens ». Y aurait-il des ouvriers respectables en fonction de leur origine et d’autres qui ne le sont pas ? Et si tous le sont pourquoi qualifier de « très » respectables, ou spécialement respectables, les Marocains et les Maliens ? A noter que pour Badiou, tous les étrangers sont des ouvriers ; à en douter on leur manquerait de respect.

Les centres de rétention, dit Badiou, emprisonnent « ceux qu’on prive par ailleurs de la possibilité d’acquérir des papiers légaux de leur présence ». Que signifient ces contorsions verbales ?  Peut-être que les autorités refusent à ces immigrés illégaux des documents qui non seulement attesteraient leur présence sur le sol français mais leur conféreraient le droit de s’y maintenir ? Il suffirait de dire que ces documents leur sont refusés mais ce serait trop clair alors que Badiou cherche à embrouiller l’esprit de son lecteur.  La preuve en est que quelques lignes plus loin il est question par un glissement remarquable non plus de « ceux qu’on prive de la possibilité d’acquérir » mais  de « ceux qu’on prive de papiers » tout court. Notons en passant que ces immigrés illégaux ont eux-mêmes détruit leurs papiers pour rendre plus difficile leur expulsion.

Badiou martèle inlassablement que  des intellectuels ont inventé « le péril islamique » et les violences dont les banlieues sont affligées régulièrement. Les « jeunes » (on sait ce que recouvre cet euphémisme) en seraient les victimes et non les auteurs. Tel serait le « le vrai secret de l’islamophobie ».  C’est « l’encouragement de l’Etat dans (sic) la vilénie qui façonne l’opinion réactive (sic) et raciale ». Il y aurait du racialisme à ne pas souhaiter que se poursuive l’augmentation exponentielle du nombre des étrangers. Ceux-ci seraient stigmatisés pour leur « étrangeté ». Idée absurde mais dont Badiou se gargarise. Il est tellement pressé de voir grossir le flux d’immigrés qu’il se plaint de ce que les consulats français délivrent les visas au compte-goutte.

 Bref Badiou reproche violemment aux gens du peuple de ne pas envisager avec plaisir de devenir un jour des étrangers à peine tolérés dans leur propre pays, comme c’est déjà le cas dans certaines banlieues.  Il est vrai que ce bobo ne fréquente pas ces zones.