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24/06/2007

Alain Badiou et l'Afrique

Il y a peu, j'ai consacré une note à la sollicitude de Badiou pour les Africains malades du sida. Il y aurait encore beaucoup plus à dire sur son humanitarisme tiers-mondiste digne de mère Thérésa. Considérons le troisième chapitre de son livre Le Siècle. Il y parle du nombre, "fétiche des temps actuels" car "là où le réel vient à défaillir se tient le nombre aveugle" (p 46). Pourtant il tient à faire comme les autres. "Moi aussi, dit-il [...] je vais y aller de mes nombres (p 47) et de nous asséner ses statistiques favorites (connues de chacun) sur les sidéens soignés chez nous mais guère dans les pays sous-développés, sur la pauvreté dans le monde, sur son aggravation dans quelques pays etc. en insistant sur "l'Afrique crucifiée".

Badiou qui n'a jamais étudié l'économie, bien qu'il soit marxiste, oublie un certain nombre de faits élémentaires. Grâce à l'Europe, le sida ne risque pas de dépeupler l'Afrique. Ce n'est pas l'Europe qui a infecté l'Afrique mais le contraire. Saboter la recherche médicale (en annulant les brevets) n'est pas le bon moyen de soigner les malades. La philanthropie n'a pas sa place dans les relations internationales où règnent les rapports de force. L'Afrique a été crucifiée par les siens : les Amin Dada, les Mugabé, les Taylor, les Hissène Habré, les Bokassa. J'en passe et de meilleurs (de plus monstrueux). Le pire intellectuellement est que Badiou raisonne comme si les richesses dans le monde existaient indépendamment du travail, si bien que la seule question qui se poserait concernerait la distribution de ses richesses. Comme les hommes sont égaux en droits, il faudrait (croit-on comprendre) que leur parts dans le partage soient égales sans considérer leur contribution à la production.

16:00 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

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