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24/11/2008

Vive la décroissance

Les responsables de la crise ne sont pas seulement les spéculateurs qui prétendaient faire fortune à crédit mais aussi nos grands experts en économie. Le Monde du 23-4 nov. 2008 nous offre un exemple des sottises qu’ils nous vendent sous forme d’évidences. Monsieur Pierre-Antoine Delhommais y écrit ceci : « Avec une croissance négative […] la planète va certes émettre moins de CO2 mais » il y aura plus de chômage et de misère. « Les riches détruisent peut-être la planète, mais celle-ci semble quand même un peu mieux se porter – et encore plus ses habitants- quand l’économie crée des richesses ».

L’économie dont M. Delhommais fait l’éloge crée surtout du superflu en détruisant le nécessaire. Le niveau actuel de la production suffit pour couvrir tous les besoins à condition qu’elle soit équitablement répartie dans chaque pays. La crise est due à l’aggravation depuis trente ans des inégalités qui prive les salariés des moyens d’acheter ce qu’ils fabriquent. Elle corrige la surproduction par rapport à la demande solvable. Une économie est plus équilibrée, donc en meilleure santé, quand elle est moins injuste. Il faudrait aussi que la population à l’échelle mondiale reste stable en nombre et ne soit pas encouragée à exploser dans les régions les moins aptes à nourrir les bouches supplémentaires.

La crise devrait être une occasion de voir les choses en face, de ne pas se laisser duper par les tours de passe-passe illusionnistes que permet la doxa économique. L’un d’eux exploite le mode de calcul du PNB pour donner une image mirifique de la croissance qui est en réalité simplement comptable. Le gonflement du PNB intègre toute sorte de dépenses et les fait apparaître comme des gains ! Dans les pays africains ce gonflement signifie simplement une pénétration accrue des rapports marchands et monétaires dans la production sans amélioration du niveau de vie ; bien au contraire. Un autre est le lancement de nouveaux produits dont la publicité nous persuade que nous ne pouvons nous en passer alors que personne n’en avait éprouvé le besoin auparavant. Cette course perpétuelle après un superflu facteur de standing et non de bien-être, observable sous des formes caricaturales chez les « jeunes », par exemple, fut longtemps un des moteurs de la croissance. Celle-ci ne crée pas des biens, mais des maux. Loin de produire des vraies richesses, elle gaspille des ressources irremplaçables. On commence à peine à s’apercevoir de son coût masqué colossal. Quand une grande ville comme New Orleans est détruite, quand la mer envahit les terres des paysans bangladais, quand des maladies respiratoires handicapent ou tuent des millions d’hommes on devrait présenter la facture aux industries polluantes et aux politiciens qui les autorisent.

La « croissance durable est un non-sens car « durable » signifie à long terme or à long terme une croissance quelle qu’elle soit est mathématiquement impossible. Toute médication  portant ce nom conduirait non pas à sauver le malade mais à prolonger son agonie.  On produira toujours plus (quel intérêt ?) dans une nature de plus en plus déréglée entraînant des convulsions sociales et internationales de plus en plus violentes jusqu’au spasme atomique final. En revanche la décroissance sera tout le contraire de ce que dit M. Delhommais si elle est le résultat de mesures rationnelles mettant la techno-science au service de la biosphère et de l’homme au lieu de la laisser soumise aux lois sacrosaintes du marché qui à court terme nous ont précipité dans la crise et à long terme nous conduiront à la catastrophe. La mise en œuvre d’une telle politique exigera un changement dans l’allocation de ressources ; non pas moins mais plus d’investissements, plus de travail, plus d’inventivité. Son résulta atténuera les effets environnementaux du laisser faire antérieur, écartera les calamités dont nous sommes menacés si nous poursuivons dans la voie ancienne et nous conduira vers un model économique et social différent dans lequel nous consommerons moins mais mieux, nous posséderons de vrais biens quantitativement moindres mais qualitativement meilleurs que les vanités que nous sommes assez stupides pour rechercher aujourd’hui.         

 

23:29 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

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