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23/01/2009

La photographie et la mimésis artistique

Baudelaire accuse la photographie d’inciter l’artiste à se prosterner devant la réalité visuelle la plus triviale tout en favorisant dans le public la tendance à ne s’intéresser qu’à la représentation exacte et plate de l’apparence. Aujourd’hui, curieusement, c’est un rôle tout opposé que prête l’opinion à la photographie. Celle-ci se serait chargée de la figuration libérant la peinture de cette tâche et la rendant à sa vraie vocation : la distribution des lignes, des valeurs (plages sombres et claires) et des couleurs sur une surface. Ceux qui expliquent ainsi l’abstraction par l’apparition d’une nouvelle technique se sont-ils demandé pourquoi les anciens Grecs n’ont pas abandonné la sculpture figurative après avoir inventé le moulage, procédé mécanique pour reproduire les corps ? C’est que la mimésis artistique est au service non de la reproduction de ce que chacun peut voir mais de l’imagination et de la délectation esthétique. Il a fallu la généralisation jusqu’à l’absurde de la division du travail par le capitalisme pour rendre plausible cette explication-justification par la photographie d’un phénomène dont les causes sont bien plus profondes. Le déclin de l’art provoqué  par ces causes ne s’est pas arrêté à l’abstraction qui triompha passagèrement dans les années cinquante du siècle passé. Ce processus s’est poursuivi implacablement jusqu’à la mort, ou plutôt l’éclipse de l’art dont nous ne sommes pas encore sortis.

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