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18/05/2009

Michelet historien de gauche

Dans ce blog, il m’est arrivé de lancer une pique contre l’histoire telle qu’elle est enseignée dans les écoles. Je suis content de constater que Jean-Claude Milner dans L’arrogance du présent a lui aussi la dent dure contre les « historiens de langue française » généralement « de gauche ». Il les raille d’avoir inventé la notion mythique d’événement dont on sait la fortune philosophique dans l’œuvre d’Alain Badiou. Cette fois, je voudrais dire quelques mots sur Michelet, saint patron de l’historiographie progressiste. C’est de lui que date la bien-pensance française dans cette discipline et la tradition de bouffer du curé à toutes les pages. On doit, certes, lui reconnaître un talent de conteur, mais son style se ressent d’une écriture trop hâtive. Ses passions politiques et les préjugés dont il est imbu déterminent ses jugements avec une régularité qui à la longue devient comique. Dans le tome intitulé « Du 18 brumaire à Waterloo » de son Histoire de la Révolution française le géant Napoléon devient un pygmée. Aux yeux de notre censeur rien ne trouve grâce dans la carrière de son héros : même pas ses victoires. Elles s’expliqueraient par la chance ou l’inertie de ses adversaires qui se laissaient chaque fois surprendre. L’historien n’est pas plus sérieux quand il parle non plus de politique mais des choses de l’esprit  dès lors que les personnages mentionnés ont le malheur de ne pas être de son bord. Il fait l’éloge de Lemercier et de Marie-Joseph Chénier (bons républicains) mais n’a que sarcasmes pour Chateaubriand (légitimiste et catholique). Celui-ci aurait inventé « une langue à part ni française, ni bas-bretonne ». Ses « vaines descriptions » n’auraient « pour but que l’effort d’imiter gauchement Bernardin de Saint-Pierre et de nous inonder d’un grossier déluge néologique ». Michelet se réfère aux  « drames indigestes de Shakespeare » (qui a le tort d’être anglais) mais il consacre un chapitre et un appendice à porter aux nues un certain Granville comparé à Dante et à Milton, excusez du peu ! Le mérite de ce quidam était d’être prêtre jureur, puis défroqué et marié. Michelet se montre assez inconscient de ses propres limites pour faire des incursions en philosophie et dire des inepties sur Spinoza, Leibniz et Kant. Ses opinions à l’emporte-pièce sur les beaux-arts sont à l’avenant. Il doute, par exemple, que David (trop bonapartiste à son gré) « fût vraiment peintre » !  

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11:22 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0)

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