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24/06/2009

Les qualités esthétiques sont objectives

La vie postume de certains grands artistes a connu de longues éclipses. J.-S. Bach fut oublié pendant huit décennies jusqu'au moment où Mendelssohn l'exhuma; Vermeer, dont les tableaux ont toujours eu la cote en vente publique, n'est entré dans l'histoire qu'au XIXe siècle grâce au critique Thoré-Burger; au XXe siècle les toiles de Guido Reni ont longtemps séjourné dans les réserves du Louvre avant de retrouver les honneurs des cimaises par la volonté d'un nouveau directeur, Rosenberg. On aurait tort, cependant, de conclure de cette existence intermittente que les qualités esthétiques des oeuvres d'art ne leur sont pas intrinsèques. Ce qui est objectif n'est pas toujours perçu par les spectateurs. S'il arrive qu'à une période ces qualités semblent s'estomper pour s'entensifier à la suivante, comme ce fut également le cas pour les peintres pompiers, cela tient aux fluctuations de la mode et aux changement dans la sensibilité du public induits par les transformations de la société. C'est que les propriétés esthétiques d'une oeuvre d'art ne sont pas les seules à déterminer le jugement la concernant, quoiqu'elles finissent par l'emporter. Les préjugés idéologiques y sont pour beaucoup. Cependant sur le long terme un consensus s'impose qui ne peut s'expliquer si l'on ne le rapporte pas à des traits objectifs.

En voici la preuve. On peut évaluer à 25.000 environ les peintres ayant exposé régulièrement dans les salons des pays européens au XIXe siècle. Consultons l'index des histoires de l'art publiées depuis une centaine d'années par des auteurs dont les préférences artistiques étaient sûrement très dissemblables. Pourtant une cinquantaine de noms sont présents dans tous ces livres. D'autres figurent dans les uns et pas dans les autres. En revanche 98% des peintres sont ignorés par tous les ouvrages de synthèse. Certains incluent Charles Tournemine, d'autres pas. Mais si la question se pose pour ce peintre, elle ne se pose pas pour Eugène Pavy ou Hortense Richard qui pourtant ont eu leur instant de gloire. La seule explication est que les auteurs partagent les mêmes critères d'exclusion et que certaines caractéristiques qui inclinent à écarter une oeuvre ne dépendent pas du seul goût idiosyncrasique variable selon les individus.

Sans un concensus fondé sur des critères objectifs l'histoire de l'art ne serait pas possible car elle suppose la distinction de ce qui mérite d'être retenu.

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