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10/06/2010

Badiou parfait conformiste

Dans le chapitre intitulé « Capitalisme et civilisation » de mon livre Pour l'Art, je proposais pour expliquer l'éclipse de celui-ci à notre époque la « réification » engendrée par la prédominance exclusive de la production pour le marché. Elle signifie que l'aspect quantitatif des choses devient principal dans la vie publique et relègue leur aspect qualitatif à l'arrière-plan de la vie privée. Sans employer ce terme de réification emprunté à Lukàcs, Badiou et Finkielkraut décrivent  le même phénomène mais ils n'en voient pas les effets désastreux pour l'art. Badiou parce qu'il est un ami du non-art, Finkielkraut parce que s'intéressant surtout à la littérature qui a toujours droit de cité il ne considère pas comme indispensable de donner d'autres verges pour se faire battre en s'engageant dans un domaine qui n'est pas prioritaire pour lui. Sous le capitalisme, le règne de l'argent (l'équivalent général) signifie l'interchangeabilité de tout avec tout selon des rapports uniquement quantitatifs. Du point de vue du calcul rationnel, tout se vaut qualitativement. Alain Finkielkraut a donc raison de reconnaître une homologie entre cette loi de notre système socioéconomique et « l'affirmation de l'égalité de toutes les pratiques, de tous les comportements, de tous les styles ». «Il n'y a plus de critères, il n'y a que des opinions ;  rien n'est supérieur à rien »[1]. L'équivalence des valeurs est conforme à l'esprit du capitalisme alors que leur hiérarchie lui est hétérogène. S'il voulait être conséquent avec lui-même, Badiou aurait dû reconnaître que mettre l'art et le non-art sur le même plan est congruant ou homogène avec la subjectivité nihiliste du capitalisme alors que défendre la grandeur de l'un et dénoncer la supercherie de l'autre est le propre des esprits subversifs par attachement aux plus hautes valeurs. Face à eux, sans souci de cohérence, Badiou préfère revêtir la figure actuelle du faux rebelle mais vrai conformiste et donc trahir sa vocation de philosophe.


[1] Badiou / Finkielkraut, L'explication, lignes 2010, pp 137,134

 

02/06/2010

Une video de Christophe Réveillard

Le professeur Christophe Réveillard présente sur le site realpolitik.tv le livre de Kostas Mavrakis : De quoi Badiou est-il le nom? Pour en finir avec le Xxe siècle. On peut voir la vidéo en cliquant sur le lien suivant: www.realpolitik.tv/geopolitique-en-livres/de-quoi-badiou-...

Agresseurs et agressés

Il n'est pas nécessaire de joindre mon indignation à celle du monde entier au sujet du bain de sang dans la flottille porteuse d'aide humanitaire à Gaza. Je me contenterai d'attirer l'attention sur la riposte de la propagande israélienne. A l'en croire, les militants pro-palestiniens embarqués dans le paquebot Mavi-Marmara étaient les agresseurs. Ce sont eux qui armés de matraques ont attaqué les hélicoptères de Tsahal et pris à partie d'innocentes frégates lance-torpilles. Ces bâtiments et aéronefs faisaient une croisière dans cette zone des eaux internationales sans se méfier. Attention, l'armée israélienne a des preuves ! Elle a fourni une photographie montrant le matériel saisi à bord du Mavi-Marmara. Il fait froid dans le dos. Si jamais les agents du Mossad qui opèrent dans tous les pays prenaient d'assaut ma maison, ils pourraient me tuer "en légitime défense" et prouver leur bonne foi en exhibant des tournevis, des clefs anglaises et des couteaux de cuisine !