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12/05/2009

L'idéologie vieillote d'Alain Badiou

Alain Badiou m'a reproché de m'être enfoncé « dans une vision du monde totalement arriérée » ? A-t-il raison? Je ne saurais dire mais il est certain que je répudie les visions du monde qui font une place à la notion d’arriération et à celle de progrès, son corollaire. Je les considère avant tout comme fausses. Il se trouve qu’elles passent actuellement pour être sinon arriérées du moins vieillies ce qui me fait regretter de voir mon ex-ami philosophe confit dans son formol progressiste comme un veau de Hirst.

Je lis dans L’arrogance du présent de Jean-Claude Milner : « un nom ne vaut que par les divisions qu’il induit. Or il est arrivé ceci : les noms que l’on croyait porteurs d’avenir (que cet avenir fut réputé radieux ou sinistre), ils se sont révélés un jour ne plus diviser personne ; les noms que l’on croyait définitivement obsolètes, ils ont opéré les divisions les plus irréductibles » (pp 21-22). Milner est assez allusif, selon son habitude, sur ce qu’il entend par là. Mais moi je sais à quoi il me fait penser. Soudain, vers le milieu des années soixante dix, le mot « avant-garde » est devenu un sujet de plaisanteries, le mot « Révolutionnaire ! » un slogan publicitaire assez drôle, Marx, Lénine, Staline, Mao, Che Guevara se sont transformés en personnages folkloriques figurant sur les T-shirts. En revanche, Jésus-Christ et Allah, le nom juif, les identités nationales, l’art et le non-art, tout cela divise plus que jamais. Alain Badiou a manqué cette mutation, lui qui attache tant d’importance à être « contemporain ».   

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