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12/06/2009

Francis Bacon le dernier peintre

J’avoue humblement ne pas aimer Francis Bacon mais ce sentiment ne relève pas uniquement d’une réaction idiosyncrasique motivée par l’exclusion chez lui de la beauté naturelle, mais d’un jugement dont je peux donner les raisons. Selon moi le peintre, qui est presque entièrement libre en matière de couleur, doit respecter certaines limites quand il s’agit du dessin et ne pas renoncer à toute vraisemblance. Bacon s’était affranchi de ce précepte en vertu d’un choix qu’il avait fait dès le début et qu’il justifiait (sans esprit de système) par des arguments empruntés à l’idéologie moderniste. Les vrais motifs étaient autres. Désespérant de pouvoir rivaliser avec les grands peintres qu’il admirait comme Velasquez, il avait renoncé à les suivre sur la voie de la figuration stricte sans y renoncer entièrement. Il savait en effet qu’il y allait de l’art et que la peinture ne peut se passer de la mimésis. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’elle exige au minimum une figuration assez correcte pour être vraisemblable. Le résultat fut qu’il s’est toujours tenu sur le fil du rasoir entre art et non-art. Il préservait du premier un grand souci esthétique qui se manifestait dans les domaines de la couleur et de la composition et une figuration suffisante pour rendre ses formes expressives mais pas assez pour maintenir le lien avec l’essence de la peinture. Il se tient donc à la limite du pictural. Assez, en tout cas, pour être perçu comme allant à contre-courant et pour être qualifié par une personne que je connais bien de « dernier peintre ». C’est ainsi que s’explique son impatience vis-à-vis de l’art contemporain dont il ne voulait pas entendre parler. Il était conscient que l’art suppose des règles et des limites et qu’au point où il en était la moindre concession supplémentaire au discours avant-gardiste le ferait basculer dans le non-art pur et simple, dans la négation de tout ce qu’il avait fait jusque là et de tout ce qu’il admirait chez ses prédécesseurs.   

07/06/2009

Faiblesse du non-art, force de l'art véritable

Selon le Monde 7-8 juin, le succès de la deuxième édition de la Force de l’Art aurait été « mitigé pour le Grand Palais ». Soyons sérieux, parler d’un résultat désastreux aurait été plus juste. Il y eut cette fois-ci moins de 18.000 visiteurs contre 65.000 en 2006. Encore ce dernier chiffre doit-il être relativisé en le comparant avec ceux atteints par le Salon au XIXe siècle. Les cohues qui s’y pressaient atteignaient les 630.000 pour 1874[1], par exemple, à une époque où la région parisienne comptait quatre fois moins d’habitants et quinze fois moins de bacheliers. Faut-il s’en étonner ? Le public de l’art est forcément beaucoup plus nombreux que celui du non-art. 

 


[1] Cf. Gérard-Georges Lemaire : Histoire du salon de peinture, Klincksieck 2004 p 212.

 

 

 

Lien vers mon site : http://www.kostasmavrakis.fr

15:49 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

03/06/2009

Jean-Pierre Changeux récidive

Jean-Pierre Changeux récidive

 

J.-P. Changeux est incontestablement un neurobiologiste de haut niveau, mais pourquoi doit-il usurper d’autres compétences que les siennes? On trouve dans Euripide cette réplique devenue proverbiale : « tekton on eprasses ou xylourgika », étant charpentier tu t’appliquais à autre chose qu’au travail du bois. On pourrait également citer Boileau : « Soyez plutôt maçon si c’est votre talent ». Dans le cas d’espèce notre savent se veut aussi philosophe. Le titre de son livre Du vrai, du beau, du bien » est démarqué de celui de l'ouvrage le plus connu de Victor Cousin (1845) qui, lui, s’en tenait à son métier. Changeux prétend mettre en relation le fonctionnement des neurones cérébrales et les œuvres de l’esprit, mais il ne fait que juxtaposer des considérations relevant de l’un ou de l’autre domaine. Les réductionnistes depuis Broca, voire depuis La Mettrie et son Homme-machine (1748), ont partagé cette même ambition  qui n’est pas plus près de se réaliser malgré les progrès de la science. D’ailleurs ont-ils besoin de démontrer cette relation entre, disons, création artistique et processus psychophisiologiques ? Pour eux elle va de soi et découle de leur postulat matérialiste. Changeux a reconnu lui-même qu’il n’a pas fait beaucoup de chemin en regrettant devant un journaliste du Monde (30 mai 2009) que « notre cerveau sur ce terrain, reste une ‘‘boîte noire’’ ». On mesure l’ampleur de son échec en lisant sous sa plume des phrases d’une banalité affligeante comme celles-ci : « Lorsque vous regardez le Guernica de Picasso, vous ne percevez pas seulement les figures qui s’y trouvent, mais tout l’investissement émotionnel qu’il contient. Vous recevez ainsi le message que l’artiste souhaite communiquer ».