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27/03/2011

Républicain... Vous avez dit "républicain"?

Il y a la « grande politique » et les mesquines logomachies politiciennes. La première qui  se donne dans l’action plus que la parole a l’ambition de changer le monde. Elle vise le fondamental et le long terme. La seconde vit au jour le jour. Son temps est rythmé par les « petites phrases » et les coups tordus de margoulins dont le seul horizon est la prochaine échéance électorale. La logique de ces gens est le « ôte toi que je m’y mette ». Ceux qui jouent à ce jeu ne transmettent pas des idées, ils manipulent des esprits. Un mot qui fait de nouveau fureur dans le landerneau politico-médiatique me permettra d’illustrer ce point. Ce mot : « républicain », ne permet de faire aucune distinction puisque tout le monde s’en revendique. De ce fait, il ne signifie rien. Connaissez-vous beaucoup de politiciens ou même de simples citoyens qui se disent anti-républicains, c’est-à-dire partisans du despotisme ou du pouvoir héréditaire d’un seul ? Il est significatif de la vacuité de ce mot qu’il soit intraduisible dans l’acception qui est la sienne chez nous. Aucune autre langue n’en possède d’équivalent. Pour l’expliquer à un Italien, un Anglais, un Grec, il faut lui faire un cours sur l’histoire des idées en France. Soyons plus modestes ; interrogeons-nous sur la fonction de ce mot. Elle est d’attirer la droite sur le terrain de la gauche, perpétuant ainsi l’hégémonie idéologique de cette dernière. Accessoirement, il permet à l’oligarchie au pouvoir de permuter dans les places en tenant à l’écart ceux qui ne sont pas de la famille et n’ont pas fait allégeance aux chefs d’orchestre clandestins. Manipulation encore une fois.

07/11/2010

"L'émancipation" cache-sexe de Rancière

Personne ne croit aujourd’hui que l’opposition gauche/droite héritée de la Révolution française soit particulièrement pertinente dans le débat d’idées. Elle fait tout au plus partie des étiquettes commodes à l’usage des journalistes et des politiciens. Pourtant Rancière (et Badiou), qui se prennent pour de profonds penseurs, ne peuvent se passer de ce genre de catégories simplistes surtout quand ils s’adressent aux médias. On les comprend. Ils éprouvent le besoin incoercible de se classer du bon côté. Quel est ce côté ? That is the question. Impossible de se réclamer sans ridicule du prolétariat, de la plèbe, des peuples luttant pour leur indépendance nationale, des lumières, du progrès. Faute de mieux, nos philosophes qui ne se sont pas trop creusé la tête, se sont rabattus sur des dichotomies plus floues. Pour Rancière, il y aurait la « domination » (concept emprunté à Bourdieu) qui fait correspondre l’ordre du pouvoir et celui du savoir. Lui ferait face « la pensée de l’émancipation » qui soutient le droit des « incompétents » à penser l’avenir et à décider du moment d’agir. L’auteur du Maître ignorant est, on le voit, fidèle à la ligne qu’il s’est tracée depuis longtemps. A première vue, on serait tenté d’y voir une pensée généreuse favorable à ceux d’en bas mais si l’on regarde de plus près, on risque d’être déçu. Rancière se reconnaît dans une communauté de gens qui réunit « les milieux de l’activisme politique, les activistes du monde de l’art et les chercheurs ». Ces derniers, comme le contexte nous le fait comprendre, ont déjà trouvé. Ils ont trouvé les têtes creuses des agitateurs prétendument de gauche engagés dans une alliance contre nature avec la spéculation anartistique. Tout cela se passe dans la tête de Rancière qui par ailleurs éprouve beaucoup d’estime pour les « études post-coloniales, les travaux sur le genre et la critique des identités » dans le monde anglo-saxon. Il ne s’est peut-être pas aperçu que les premières alimentent le racisme anti-européen, que les deuxièmes détournent l’attention de tâches politiques vitales et urgentes et que les troisièmes désarment ceux qui osent critiquer l’islamisme. Il reproche même à ces derniers de « déverser des fantasmes anti-arabes et antimusulmans ».   

Je signale que je prononcerai demain mardi 9 novembre à huit heure une conférence sur "La décroissance" au centre Saint Paul, 12, rue Saint Josèphe, M° Sentier.