Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/04/2009

Daphné Du Barry à Monte-Carlo

Je me dois de vous signaler une manifestation qui mérite le détour et même le voyage. Le mardi 5 mai sera inauguré sous le patronage du Prince Albert de Monaco une exposition des bronzes monumentaux de Daphné Du Barry dans l’Atrium du Casino de Monte-Carlo. Ces sculptures magnifiques seront également disposées sur la place et les jardins du Casino. Déjà les foules se pressent autour des engins de levage et manifestent leur jubilation à la vue des œuvres qui sont mises progressivement en place. Celles-ci surprennent tant elles diffèrent du non-art contemporain par leur proximité au grand art de toujours. C’est une occasion rare de constater que la sculpture de notre temps peut créer une beauté nouvelle en respectant les préceptes de notre tradition millénaire. On pourra tourner autour de L’aguicheuse, ce nu à la fraîcheur épanouie qui figure en couverture de la monographie de Daphné Du Barry intitulée Le Bronze et la Beauté, on y découvrira le sublime saint Jean- Baptiste de Malte et l’héroïque Montluc de Sienne ainsi que des créations nouvelles comme La Vierge « del Pollino » pour le sanctuaire de Matera en Italie du sud ainsi qu’un ange qui sera érigé sur le campanile d’une église baptiste près de Boston.     

14:37 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0)

09/04/2009

Le darwinisme (suite III)

L’épistémologue Dominique Lecourt nous assure que le « dessein intelligent » n’est pas une théorie scientifique. Admettons, mais le darwinisme non-plus puisqu’il n’explique pas l’évolution et qu’il n’est ni vérifiable ni réfutable. Selon Roberto Fondi de l’université de Sienne « La paléontologie n’est pas en mesure de fournir la preuve sans équivoque de l’existence effective de ces transitions d’un groupe à l’autre qui constituent l’essence du paradigme évolutionniste. […Elle] ne fournit pas l’image d’un immense arbre généalogique. »[1].  L’évolution est peut-être un fait incontestable mais elle ne se conforme pas au model que nous propose le darwinisme. Celui-ci était une hypothèse dont on pouvait déduire un programme de recherches. Pendant longtemps il a ouvert un champ d’interrogations. L’Intelligent Design a prouvé que le darwinisme fonctionne aujourd’hui (cent cinquante ans après Darwin), comme un obstacle épistémologique, comme une interdiction de se poser des questions, comme un éteignoir. Les darwiniens croient savoir ; du coup ils n’ont pas besoin de chercher. Les partisans de l’Intelligent Design rendent aux scientifiques un signalé service en les réveillant de leur sommeil dogmatique et en attirant leur attention sur des problèmes et des difficultés qu’ils ont trop tendance à occulter.

(A suivre)        



[1] Cité par Vito Mancuso De l’âme et de son destin, Albin Michel 2009 pp76-77.

L'urinoir et les snobs

Il est permis de voir dans l’urinoir de Duchamp une leçon adressée aux snobs et mettant à nu l’inanité de leur jugement esthétique. « Vous admirez, insinue cet équipement sanitaire, les Rembrandt comme vous m’admirez : simplement parce que nous sommes dans un musée ». La riposte des snobs fut de louer les qualités de Fontaine, l’élégance de ses courbes, sa blancheur immaculée, son ironie spirituelle, son audace. Arthur Danto s’est illustré dans cet exercice.

07/04/2009

Didi Huberman en extase devant un cube

 

Après la panique des spéculateurs boursiers nous pourrions assister à une panique des spéculateurs sur le marché du non-art. Déjà les cotes des soi-disant "artistes contemporains" ont dégringolé. Leurs ventes qui avaient atteint chez Sotheby’s et Christie’s respectivement 316 et 325 millions de dollars en 2007 ont été réduites en 2008 à 125 et 114 millions. La dernière vente aux enchères de Pinault a été un échec que les médias ont préféré taire. Certains se prennent à espérer que la crise pourrait nous débarrasser de cette barbarie. Je n’y crois pas trop. Les intérêts en jeu sont trop énormes. Qu’on pense aux milliardaires mégacollectionneurs, aux centaines, que dis-je, aux milliers de musées d’art contemporain de par le monde, aux fonctionnaires dont les achats ont rempli ces espaces avec l’argent du contribuable. Si tout cela se révélait être du vent, ce n’est pas seulement un capital monétaire qui serait réduit en poussière, c’est aussi du capital symbolique. Que deviendraient les pseudo-intellectuels qui ont fait ces réputations usurpées ; tel ce  « critique d’art » pour qui le pot de fleur de Raynaud, par exemple était une « forme sublime » ? Et puis le maintien de l’ordre social exige aux yeux du pouvoir que nous croyions à notre chance de vivre à une époque comme la nôtre. Si l’on admettait qu’un pot de fleur (ou de peinture) est simplement un pot, l’autocélébration de cette époque serait discréditée tout comme le discours convenu de nos autorités académiques sur l’art contemporain.

Une de ces autorités, en réalité un aigrefin dans le style du conte d’Andersen : « Les habits neuf de l’empereur », est Didi-Huberman. Dans Ce que nous voyons, ce qui nous regarde, il a commenté  admirativement un cube en acier de Tony Smith en réussissant le tour de force de présenter ce volume comme une « sculpture » et même « comme un quasi-autoportrait ». Cette transfiguration est opérée par la magie du verbe. Voyez comme il s’entend à créer une atmosphère en nous disant que l’objet intitulé Die « ne nous inquiète pas seulement à travers l’obscurité de sa masse. Elle nous inquiète aussi à travers l’indécision qui s’y joue perpétuellement d’une verticalité et d’une horizontalité ». Didi-Huberman ne semble pas savoir que les arêtes verticales d’un cube sont, par définition, égales aux horizontales. En cela, il n’y a nulle « indécision » et aucune raison de nous inquiéter. Je précise tout de suite, pour parer au cliché avant-gardiste habituel, que je ne me sens aucunement « dérangé » par la construction géométrique de Smith. En revanche que Didi-Huberman y voie « une œuvre au sens fort du terme » m’inquiète beaucoup (pour lui).          

Les œuvres d’art au sens propre n’étant pas du n’importe quoi peuvent susciter des réflexions très variées mais pas n’importe lesquelles. Leur commentaire est contraint par leurs caractéristiques objectives. Il n’est pas loisible à chacun de délirer à sa guise devant un tableau de Poussin comme le fait Didi Huberman devant la vacuité minimaliste de Smith.