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21/04/2010

Badiou et son missile téléguidé

 Une personne qui se dissimule sous le pseudonyme Communismes, sans doute téléguidée par un groupuscule badiousien, lance à mon encontre des attaques ad hominem et des imputations gratuites d’opinions dans lesquelles je ne saurais me reconnaître ; s’y ajoutent des spéculations sur mes motivations voire des prophéties sur ce que je suis destiné à devenir. Le tout dans un français approximatif et un style confus. Son ton hargneux prouve que ma réfutation du gourou de la secte a touché juste. Je lui répondrai dans l’esprit qui fut le mien lorsque j’écrivais le livre qui les chagrine tant : sine ira et studio (sans colère ni partialité) dans le seul but d’informer ceux qui me lisent.

1° Comme l’indique le sous-titre : Problèmes de théorie et d’histoire, mon livre Du Troskysme qui, soit dit en passant, a été traduit en quatre langues, n’était pas un simple pamphlet. C’est pour cette raison qu’on le recherche toujours, en particulier dans les pays anglo-saxons, près de quarante ans après sa parution. N’étant plus maoïste, j’ai refusé sa réédition en français malgré de nombreuses demandes.

2° J’ai de même saisi l’occasion de ma polémique avec Badiou pour exposer les résultats de mes investigations philosophiques sur plusieurs questions cruciales. En détruisant le faux, je construisais le vrai. N’est-ce pas aussi la fonction du livre où Badiou critique Deleuze ? A l’époque il était peu connu ; devait-on l’accuser de chercher à faire parler de lui parce qu’il s’attaquait à une célébrité ?

3° Le dénommé Communismes divise l’humanité en « blancs » et en « bronzés ». Il me reproche de ne pas être assez prévenu en faveur de ces derniers et de les vouer à l’expulsion. En réalité, mon seul tort est d’avoir laissé entendre que le peuple français a le droit de décider qui s’installe sur son territoire. Il n’y a là rien d’autre qu’un principe démocratique d’où la haine de ce régime professée par Badiou. Quant aux modalités d’application de ce principe, elles ne sont pas de mon ressort. Les fronts sur lesquels je me bats sont ailleurs. Néanmoins le mot d’ordre de Badiou « qui est ici est d’ici » est tellement absurde (et ridicule) qu’il donne des munitions aux xénophobes.

4° Il est un point sur lequel Badiou rejoint le Front National. Ils ont en commun une farouche hostilité à toute mesure en faveur de l’écologie. Pour le FN, le « réchauffement climatique est une imposture mondialiste ! » (cf. Droite ligne N° 2, avril 2010). Pour Badiou il ne faut pas "se laisser distraire [...] par les diversions millénaristes dont la principale aujourd'hui est l'écologie » ( cf. son Interview accordée à Pierre Gaultier parue sur Internet dans Le Grand soir).

5° En bon poujadiste, Communismes me reproche de défendre contre Badiou l’art et la civilisation. Il tient de telles préoccupations pour élitisme de dandy. Pour lui, si j’ai bien compris, seuls comptent les travailleurs immigrés. Il se trouve qu’ayant été moi-même un travailleur immigré j’ai retiré de cette expérience une meilleure opinion des membres de cette catégorie sociale que mon contempteur. Oui, un ouvrier peut apprécier un beau tableau si on le lui montre. J’en ai même connu un qui adorait la musique de Monteverdi mais non celle de Schönberg à qui le non-élitiste Badiou accorde la préférence.

 

 

12:19 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : alain badiou

17/04/2010

Alain Badiou et l'amour

Dans son livre Eloge de l'amour (pp 44-46), Badiou récuse le scepticisme des moralistes au sujet de la déclaration : « je t’aimerai toujours ». Selon lui elle peut être sincère et se traduire dans les faits tout au long d’une vie. Il se donne même en exemple. A une exception près il n’aurait « jamais quitté un amour ». Moyennant quoi, et de son propre aveu, il a vécu au milieu d’un harem. Malgré ses dénégations, il usait de ruse et de restrictions mentales. Quand il disait « je t’aimerai toujours », il omettait de préciser « mais pas toi seule exclusivement ». Confondant de propos délibéré les deux notions, il jurait fidélité à ses maîtresses mais ne leur garantissait que la constance.

L’amour est une passion. Il engage, que dis-je, il déchaîne des affects. Pour communiquer cette expérience, il faut mobiliser toutes les ressources de la poésie (au sens de dichtung). En même temps, ces émotions peuvent et doivent être maîtrisées par la pensée rationnelle. Or Badiou, quand il parle de l’amour en philosophe, en est réduit à des énoncés d’une grande banalité car il est incapable de renouveler ces lieux communs éternels. Cela demande un certain talent littéraire Sur ce point, il se fait d’étranges illusions car il a toujours affiché des ambitions de dramaturge et de romancier, peut être par mimétisme de sartrien. Il ne se contente pas d’exposer aussi clairement que possible ses idées, il s’imagine qu’il peut ciseler une écriture artiste. Or son activité débordante ne lui en laisse pas le loisir. La perfection de la forme ne peut être recherchée par un polygraphe compulsif. En voulez-vous une preuve ? Lisez-donc cette phrase que je relève dans la « Présentation » de son dernier livre : « Je crois qu’il est vraiment, d’un bout à l’autre, ce que son titre dit qu’il est : un éloge de l’amour, proposé par un philosophe qui, comme Platon, que je cite, pense que ‘‘Qui ne commence pas par l’amour ne saura jamais ce que c’est que la philosophie’’ » (pp 10-11). Que dites-vous de ce style qui charrie des galets comme un gave pyrénéen, (à moins que son cliquetis n'évoque pour vous une crécelle) ? Pour moi j'estime que Badiou a mérité de figurer dans le livre des records. Onze fautes contre l’euphonie en une seule phrase!          

15:53 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : alain badiou, amour

09/04/2010

Conférence

 Kostas Mavrakis prononcera une conférence sur son livre De quoi Badiou est-il le nom ?  Vendredi 16 avril au Carré parisien, 1, rue du général Beuret Paris XVe M° Vaugirard à 19h 30. A cette occasion il signera ses deux derniers ouvrages.

 

16:49 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alain badiou

Pourquoi si dur ...?

 Ayant longtemps été moi-même une groupie d’Alain Badiou, je considère avec empathie les réactions indignées que suscitent mes articles et chroniques peu amènes sur cette idole d’un extrémisme  de parade. Comment puis-je me montrer aussi dur, aussi méchant ? Telle est en bref la teneur de nombreux messages que je reçois. J’y répondrai en trois points.

1° Il faut appeler un chat un chat et un imposteur un imposteur. Or les milieux qui soutiennent Badiou appartiennent bel et bien à la gauche caviar la plus conservatrice. Il est intouchable dans Le Monde et c’est avec un collaborateur de ce journal qu’il a écrit son dernier livre. Il est encore plus intouchable dans Le Nouvel Observateur (proche du Monde) et dans Libération, la feuille de chou de Rothschild. La principale raison de la faveur dont il jouit auprès d’une partie des médias est son militantisme sentimental pour les immigrés clandestins, c’est-à-dire pour le  trafic d’êtres humains dont certaines entreprises tirent grand avantage.

 Badiou ne se sent pas concerné par l'avenir de notre planète, à l'unisson avec la plupart des capitalistes (d'où le fiasco de Copenhague). Il considère les mobilisations sur ce problème comme une "diversion millénariste". 

En matière d’art, il défend les intérêts des magnats de la finance mondialisée parmi lesquels se recrutent les méga-collectionneurs qui ont imposé le non-art à l’échelle du globe. Saviez-vous que les sommes investies dans leurs jeux spéculatifs viennent juste après celles engagées dans le trafic des armes et dans celui de la drogue au palmarès des échanges internationaux?

2° Pour ces trois raisons déjà, Badiou n’est pas celui qu’il prétend être. Mais il y en a encore une quatrième : il se targue d’un savoir qu’il ne possède pas ce qui entache gravement son autorité intellectuelle. N’a-t-il pas annoncé une nouvelle traduction de la République de Platon (sans doute meilleure) alors qu’il ne sait pas le grec comme je le démontre dans l’« Annexe I » de mon livre ? Ceci est difficile à contester. Puisque lui-même ne daigne, je mets au défi de le faire la foule de disciples et clients qui le suit (turba sua diraient les Romains) et se sent obligée de me contredire.

3° J’aime l’art. Or Le Siècle de Badiou est une attaque frontale contre ce qui est sacré à mes yeux. Je me conforme à l’éthique de mon ex-ami philosophe en étant fidèle à cette Idée que je me dois de défendre sans ménager aucune susceptibilité. C’est pourquoi je conclurai avec une citation de Nietzsche (suivie de ma traduction) qui exprime bien la nécessité d’être spirituellement inflexible :

"Warum so hart!" - sprach zum Diamanten einst die Küchenkohle; "sind wir denn nicht Nah-Verwandete?" - Warum so weich? O meine Brüder, also frage ich euch : seid ihr denn nicht - meine Brüder?

"Pourquoi si dur!" - dit au diamant un jour le charbon de cuisine; "ne sommes-nous pas de proches parents ?" - Pourquoi si mous? O mes frères, je vous le demande à mon tour : n'êtes-vous pas mes frères?