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20/08/2012

Dialogue du policier sud-africain et de sa victime

 

Lors du massacre de 34 grévistes de la mine de Maricana

près de Johannesburg le 16 août 2012

(parabole)

 

 

- Ne beugle pas enfin; respecte le silence des morts !

- Quoi, tu te plains de périr innocent ? Encore heureux ! Cela m’aurait fait de la peine que tu sois coupable. Sans compter qu’il aurait fallu te faire un procès, payer des juges, des avocats. Ca coûte cher ; mieux vaut simplifier les procédures. D’ailleurs, pour te réconforter, pense que tu n’as pas été tué par ces salauds de blancs, comme à Sharpeville, mais par des Africains, des noirs comme toi, des frères quoi. Allez, … Adieu et sans rancune, O K ?

- Que dis-tu… ? C’est pas gentil de tirer sur des frères ? Mais on n’a pas tiré sur des frères. On a tiré, c’est tout, sans viser, dans le tas. Personne n’en avait après toi.  Nothing personal, mon pote. En plus on l’a fait selon les règles : en légitime défense, après sommations, conformément aux ordres ; Befehl ist Befehl ! Il ne fallait pas aussi se mettre sur la trajectoire des balles ; c’est dangereux et ça multiplie les dommages collatéraux.

- Tu insistes ? Selon toi on ne tue pas ses frères, ça ne se fait pas?… Il faut que tu apprennes quelque chose, vieux camarade, même si c’est un peu tard pour toi : la police ne tire que sur des frères. Sur qui veux-tu qu’elle tire, sur des Américains, des Russes, des Chinois ? …

- Toujours pas convaincu ; tu penses que tout ce sang après la fin de l’Apartheid ça fait désordre ? Mais non, c’est le contraire, le président Mao l’a dit en personne : « Le maintien de l’ordre n’est pas un dîner de gala », remember ? …

 - Quoi, tu protestes que ma citation est fausse ; … Mao parlait de la révolution ? … Eh alors ? Si la révolution n’est pas un dîner en grand tralala, c’est encore moins le cas pour la défense de l’ordre établi ? Logique, non ?

27/06/2012

Du fanatisme ordinaire

 

Une enseignante du lycée P. E. dans le 93 (je tairai son nom par charité chrétienne), refusa de faire passer le bac  dans la salle d’école qui lui avait été assignée parce qu’elle était ornée d’un crucifix. Elle jugeait sans doute que dans la France républicaine personne ne devrait subir de discrimination, même pas les vampires. L’idée ne lui a pas traversé l’esprit que les élèves, à leur tour, auraient été en droit de ne pas se présenter devant un examinateur aussi intolérant et incapable du minimum de neutralité requis par sa fonction. Représentant l’Etat, elle est tenue de se conformer aux instructions qu’elle reçoit. Ce n’est pas à elle de décider des locaux où se déroulent les épreuves d’un examen. Si elle souhaite faire des observations elle doit les transmettre par écrit et par la voie hiérarchique.

Cet incident confirme les progrès d’un mal insidieux : le fanatisme athée qui ne le cède en rien à celui des bigots. Si on ne lui donne pas un coup d’arrêt il nous ramènera aux âges les plus sombres de notre histoire.  

19/06/2012

Que gagne-t-on en travaillant?

Je me suis amusé à rédiger quelques réflexions à propos d’un sujet qui vient d’être donné au bac L

 

Que gagne-t-on en travaillant ?

 

Sujet éminemment philosophique, justement parce qu’il n’en a pas l’apparence. Comme ceux qui introduisent certains dialogues socratiques, il est formulé avec des termes de la langue courante et semble appeler une réponse coulant de source : « on gagne sa vie, pardi ! ». Or on ne peut se contenter de cette évidence car elle s’applique également aux castors ou aux abeilles qui eux aussi s’activent pour gagner leur vie, c’est-à-dire pour assurer leur reproduction et faire que leur groupe perdure. Cette question, ce sont des hommes qui se la posent et ils ne peuvent être réduits à une espèce animale sociale. Il nous faudra donc continuer à nous interroger. Que signifie travailler ? Que signifie gagner ?

« Travailler » est une activité entraînant une dépense d’énergie et qui aboutit à la transformation de matières premières en produits finis, ces expressions étant entendues tant au sens propre qu’au sens figuré. « Gagner » veut dire, dans ce cas, obtenir un avantage qui compense, justifie et motive cette dépense d’énergie. La motivation rationnelle relève du calcul sans que cela implique qu’il soit conscient car le tri de ce qui est rationnel et de ce qui ne l’est pas peut se faire par des mécanismes de type darwinien.

Ces considérations, cependant, tombent sous le coup de l’objection que nous nous sommes déjà faite. Elles ne vont pas au-delà des intérêts biologiques et de ce qui en nous participe de l’animalité. Il est vrai que pour certains penseurs matérialistes, tels Friedrich Engels, c’est le travail qui a déterminé l’évolution de la main et indirectement celle du langage et du cerveau. Ainsi à l’échelle des âges géologiques, l’homme serait le produit du travail. On ne peut cependant retenir cette théorie car elle a été infirmée par les progrès de l’éthologie et de la paléontologie. Entre le travail proprement humain et celui de nos ancêtres anthropoïdes, il n’y a aucune continuité, comme le prouve le fait que la création artistique est aussi vieille que l’humanité. On a découvert des flûtes et des peintures rupestres vieilles de quarante-cinq mille ans et contemporaines de l’homme de Cro-Magnon à ses débuts. Dès son apparition, l’homme se livre à des activités désintéressées qui engagent son intellect. Par son travail dans ces domaines,  il opère des transformations autres que matérielles qui déterminent des gains qui ne le sont pas non plus. En faisant, l’homme se fait. L’élève ou l’étudiant qui travaillent se transforment eux-mêmes en tant qu’êtres pensants. Le chercheur transforme les résultats de ses observations ou expérimentations en conjectures, hypothèses, théories qui ajoutent à nos connaissances. Tels sont les gains que nous obtenons dans ce domaine spécifique à l’homme qui est de l’ordre du spirituel.

Qu’en est-il alors de l’ouvrier, appendice de la machine ou rivé à la chaîne ? Cette activité aussi peut nous transformer positivement si nous en  tirons une prise de conscience qui nous  conduise à nous révolter ou à partir sur la grand-route comme Charlot dans Les temps modernes.  Plus fondamentalement, et en se plaçant à l’échelle de l’histoire mondiale, il convient d’évoquer à ce propos Hegel et sa dialectique du maître et de l’esclave. Ce dernier recouvre son humanité par le travail. En transformant la nature, il transforme sa propre nature parce que chemin faisant il rend cette activité créative et libre. Même au niveau de l’individu, le travail est le seul moyen d’obtenir indépendance et dignité, ces biens plus précieux que tous les objets que nous promet la société de consommation.

15:37 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : engels, hegel

14/06/2012

Mélanchon, Trierweiler : comédies et proverbes

A défaut d’autre chose, la vie politique offre mainte occasion de rire à l’instar de Démocrite, si l’on est sanguin, ou de pleurer comme Héraclite le mélancolique. Cependant, quel que soit son tempérament, le moyen de ne pas réagir par une franche gaîté devant le crêpage de chignon qui fait les choux gras du monde médiatique ? Nil novum sub sole. Quoi qu’en disent les progressistes, les innovations techniques et les « changements des mœurs » laissent intacte la nature humaine. Le même amusement désabusé a dû accueillir la déconvenue de Mélanchon. Voilà un révolutionnaire échevelé qui, se prenant pour saint Georges devant le dragon, proclame qu’il n’est pas à la recherche d’un siège mais d’une bataille. Le fiasco de ce matamore fait penser à deux adages, l’un chinois : « Soulever une pierre pour se la laisser tomber sur le pied », l’autre grec : « Tel s’en fut chercher de la laine qui revint tondu ». Une sentence semblable se trouve dans The Fair maid of Perth de Walter Scott : « He who goes forth to seek such wool should come back shorne ».