Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/11/2010

Le racisme de Mme Taubira

 A notre époque, on parle volontiers de « mémoire » et même d’un « devoir de mémoire » selon l’intitulé de plusieurs sujets proposés au Baccalauréat depuis 1993. Il est inquiétant de voir cette notion supplanter celle de connaissance historique objective et libre de jugements de valeur. Une des conséquences déplorables de cette tendance est que diverses communautés exigent du législateur une reconnaissance mémorielle assortie de sanctions pénales dans le sillage de la sinistre et liberticide loi Gayssot. C’est ainsi que le 21 mai 2001 fut adoptée la loi Taubira définissant la traite transatlantique des noirs comme crime contre l’humanité depuis le XVe siècle. Comme tous les obsédés de la mémoire, cette députée pratique sans complexes l’anachronisme et bafoue l’histoire. A l’en croire, les seuls coupables du crime qu’elle dénonce sont les blancs d’Europe occidentale. Elle ne sait pas que depuis la fin du néolithique l’esclavage fut un phénomène universel sous une forme ou une autre (populations asservies cultivant la terre pour leurs maîtres, esclavage domestique, esclavage marchandise). Si bien que tous les peuples du monde ont été tour à tour victimes ou bénéficiaires de cette institution. Soit dit entre parenthèses le mot même d’esclave vient de Slave. Qu’on me permette de rappeler aussi un épisode rarement évoqué. En 1816, une escadre britannique bombarda la ville d’Alger jusqu’au moment où le dey accepta de libérer plusieurs milliers d’esclaves chrétiens. En Afrique les peuplades ont de tout temps lancé des raids les unes contre les autres pour s’approvisionner en esclaves avec un avantage pour les plus évoluées d’entre elles, celles qui possédaient un Etat. A partir du XVIe siècle ces roitelets se firent des revenus supplémentaires en vendant leurs captures aux marins blancs pratiquant le commerce triangulaire. Mais longtemps avant que n’interviennent les Européens les noirs furent victimes des esclavagistes arabes. C’est ce qu’on appelle la traite transaharienne et orientale (à travers l’océan Indien). Malek Chebal estime à plus de 20 millions le « volume total de l’esclavage en terres arabes et musulmanes », deux fois plus que la traite transatlantique. A quoi il faut ajouter, avec Tidiane N’Diaye, que ce commerce fut « bien plus dévastateur » et cruel avec le massacre des vieux et la castration systématique des hommes dont la plupart n’y survivaient pas. Tout cela Madame Taubira ne veut pas le savoir, soucieuse qu’elle est de ne pas faire de la peine aux potentats richissimes du Proche-Orient alors que nos parlementaires masochistes ne demandent pas mieux que d’être fustigés. Rien ne vaut une bonne fessée pour soigner son désir de repentance.

Or un crime imprescriptible contre l’humanité peut ouvrir droit à des dédommagements financiers. On ne s’étonnera pas que des réclamations de cette nature en faveur des personnes de couleur présumées descendantes d’esclaves se soient faites entendre. Comment des torts vieux de plusieurs siècles pourraient-ils être « réparés » par un paiement quelconque ? Devrait-on tenir compte des centaines de milliards d’aides déversées sur l’Afrique depuis les indépendances ? Les Slaves actuels devraient-ils exiger des dommages et intérêts des pays scandinaves ? Je n’insiste pas car la liste des absurdités qui découlent de la loi Taubira serait longue Quelle est donc l’idéologie qui a motivé un texte fondé sur la responsabilité collective intergénérationnelle selon la logique du "si ce n'est pas toi c'est donc ton frère (ou ton père)"?

P. S. J'ai visité récemment les site du Parti de l'in-nocence dirigé par l'écrivain Renaud Camus que je tiens en haute estime. Il me faut cependant signaler que la personne qui intervient dans les forums de discussion de ce site en se donnant pour Kostas Mavrakis usurpe mon identité. Ce n'est pas la première fois qu'une telle mésaventure m'arrive sur ce même site. 

  

   

07/11/2010

"L'émancipation" cache-sexe de Rancière

Personne ne croit aujourd’hui que l’opposition gauche/droite héritée de la Révolution française soit particulièrement pertinente dans le débat d’idées. Elle fait tout au plus partie des étiquettes commodes à l’usage des journalistes et des politiciens. Pourtant Rancière (et Badiou), qui se prennent pour de profonds penseurs, ne peuvent se passer de ce genre de catégories simplistes surtout quand ils s’adressent aux médias. On les comprend. Ils éprouvent le besoin incoercible de se classer du bon côté. Quel est ce côté ? That is the question. Impossible de se réclamer sans ridicule du prolétariat, de la plèbe, des peuples luttant pour leur indépendance nationale, des lumières, du progrès. Faute de mieux, nos philosophes qui ne se sont pas trop creusé la tête, se sont rabattus sur des dichotomies plus floues. Pour Rancière, il y aurait la « domination » (concept emprunté à Bourdieu) qui fait correspondre l’ordre du pouvoir et celui du savoir. Lui ferait face « la pensée de l’émancipation » qui soutient le droit des « incompétents » à penser l’avenir et à décider du moment d’agir. L’auteur du Maître ignorant est, on le voit, fidèle à la ligne qu’il s’est tracée depuis longtemps. A première vue, on serait tenté d’y voir une pensée généreuse favorable à ceux d’en bas mais si l’on regarde de plus près, on risque d’être déçu. Rancière se reconnaît dans une communauté de gens qui réunit « les milieux de l’activisme politique, les activistes du monde de l’art et les chercheurs ». Ces derniers, comme le contexte nous le fait comprendre, ont déjà trouvé. Ils ont trouvé les têtes creuses des agitateurs prétendument de gauche engagés dans une alliance contre nature avec la spéculation anartistique. Tout cela se passe dans la tête de Rancière qui par ailleurs éprouve beaucoup d’estime pour les « études post-coloniales, les travaux sur le genre et la critique des identités » dans le monde anglo-saxon. Il ne s’est peut-être pas aperçu que les premières alimentent le racisme anti-européen, que les deuxièmes détournent l’attention de tâches politiques vitales et urgentes et que les troisièmes désarment ceux qui osent critiquer l’islamisme. Il reproche même à ces derniers de « déverser des fantasmes anti-arabes et antimusulmans ».   

Je signale que je prononcerai demain mardi 9 novembre à huit heure une conférence sur "La décroissance" au centre Saint Paul, 12, rue Saint Josèphe, M° Sentier.

16/10/2010

Le plaidoyer pro domo suo de Takashi Murakami

 J'ai dit ma jubilation à la lecture de Jimenez car je n’ai pas tous les jours un sparring partner (devrai-je dire un punching ball ?) aussi commode à me mettre sous la dent. Si les défenseurs de « l’art contemporain » sont tombés à ce niveau, tous les espoirs sont permis. Un moment viendra où plus personne ne prendra au sérieux des arguments aussi débiles, même pas ceux qui se servent encore de cette langue de bois dans les médias. La forteresse du non-art n’est pas plus inexpugnable que l’enceinte de Jéricho ou le mur de Berlin.

Mais si l’article de Jiménez a été pour moi source de grandes satisfactions, que dire de la tentative pathétique de Murakami lui-même pour plaider sa propre cause ![1) Le premier use de  procédés dignes de Goebbels pour discréditer ceux qui osent penser contre la doxa contemporaine. Il les accuse d’être, ne serait-ce qu’en apparence, pour « la tradition » contre « le progrès » (sic !), puis les avertit qu’ils sont à jamais exclus des médias et notamment des pages du Monde vu qu’ils refusent de célébrer le « métissage généralisé ». Il les traite enfin de xénophobes et de racistes, stigmatisation suprême destinée à leur fermer définitivement la bouche. Ainsi, sous la plume de Jimenez, le ridicule le dispute à l’odieux. Chez le Japonais, il ne reste que le ridicule. On le voit venir de loin avec ses gros sabots. L’art contemporain, dont il se considère avec raison comme un éminent représentant, serait « difficile à décrypter pour le visiteur qui n’a pas les connaissances et repères nécessaires ». Il faut croire que les aigrefins d’Andersen ont eu des disciples à Tokyo. Murakami a bien appris à faire la leçon à quiconque se montre réticent devant ses œuvres : « Ne vous inquiétez pas cher ami. Ca se soigne. Pour le moment, vous êtes décidément trop bête et ignorant mais en fréquentant des personnes raffinées comme MM. Pinault, Arnault, Aillagon, Jimenez (surtout pas Harry Bellet), vous comprendrez qu’une attitude réceptive vis-à-vis de l’art contemporain permet de distinguer les gens intelligents des autres. Les premiers sont compétents partout. Ils sont les arbitri elegantiarum modernes et peuvent en tant que ministres couper les vivres aux intermittents du spectacle et réduire drastiquement le budget de la culture. Comme hommes d’affaires, ils sont aptes à gérer un empire financier, mais aussi à décider ce qui est de l’art et ce qui ne l’est pas. Les intellectuels enfin qui gravitent autour de ces puissants personnages obéissent au doigt et à l’œil à toute sollicitation, ce qui leur permet, le cas échéant, de diriger une revue d’esthétique tout en affirmant que le beau et le laid sont indiscernables. Surtout, gardez-vous d’exprimer publiquement votre désapprobation à l’égard de ma présence à Versailles. Je me suis laissé dire par mon ami Aillagon que cette hostilité serait le symptôme d’une maladie considérée chez vous comme pernicieuse et contagieuse : « l’idéologie nationaliste ». Si vous semblez en être infecté, vous seriez mis en quarantaine.  Les arguments d’Aillagon doivent être forts car ils ont persuadé Jimenez qui dit exactement la même chose ».

 Murakami est roublard. Il joint sa voix à une campagne de diabolisation de ceux qui trouvent mauvais que le non-art supplante l’art et, comme on le lui a soufflé, leur reproche leur nationalisme (imaginaire) mais par prétérition. «N’étant pas Français, je ne me prononcerai pas sur les mérites de cette idéologie », dit-il. Il faudrait donc pour cela être Français. Murakami le pense car il sait bien que dans son pays le nationalisme est une vertu comme on s’en aperçoit chaque fois qu’il y a une tension avec la Chine. Mensonge dans l’Hexagone, vérité à l’autre bout de la terre mondialisée.

La dernière ficelle dont se sert la rhétorique de Murakami se rattache à la première. « Mon public, dit-il, n’est pas ici et maintenant, mais dans les années qui suivront ma mort ». Il s’apercevra, j’en suis sûr, que j’ai capté « quelque chose de l’essence du XXe siècle ». On a reconnu  l’argument romantique : le grand artiste est toujours en avance sur son temps, ce qui fait de lui un incompris. Ne vous pressez pourtant pas de verser une larme sur le sort de ce « poète maudit ». MM. Pinault et Arnault et d’autres spéculateurs prennent bien soin de lui. Les Japonais, eux, le tiennent pour un clown (Harry Bellet dixit).

[1] Cf. Le Monde du 2 octobre 2010

Le Mardi 19 octobre à 20h30 je prononcerai une conférence à la Maison de la Culture de Nogent-sur-Marne sur le thème: "Avons-nous encore besoin d'art?"

10/10/2010

Les impostures de Jimenez

 Marc Jimenez, ai-je remarqué dans ma note du 3 octobre, continue à se réclamer des avant-gardes d’il y a un siècle. Il reste attaché aux espérances utopiques d’une modernité dont il faut dire qu’elle est si peu moderne qu’elle en est toute poussiéreuse. En fouillant dans les cendres, il exhume ici un crâne, là un fémur d’antiques bouffons qui ont cessé depuis longtemps de nous amuser. Poor Yorick, poor Duchamp !...  Il tient, cependant, à ne pas être pris pour un attardé ou un nostalgique, d’où ses efforts pour être compréhensif  vis-à-vis de l’art contemporain.  La nullité de ce dernier devrait être mise sur le compte du souci de transgression et de provocation qui serait, selon un vieux stéréotype, le propre de l’art en général.  Moyennant quoi, les innombrables productions scatologiques ou pornographiques par lesquelles nos « artistes contemporains » cherchent désespérément à nous choquer (sans y parvenir) seraient des preuves de génie. Jean Clair nous apprend qu’une exposition à New York, il y a une dizaine d’années, s’était intitulée « Abject art : Repulsion and Desire ». Jimenez est au courant. Il cite lui-même Modern Toilet Restaurant sans se rendre compte qu’il n’y a là qu’affectation et pose. Les transgressions d’autrefois se sont figées en conventions du nouvel académisme anartistique, en procédés parfaitement prévisibles. Quiconque veut bien réfléchir une seconde le sait mais beaucoup préfèrent ne pas le savoir car ils n’y ont pas intérêt. Jimenez fait partie de ces derniers. Sa posture est typique. Pour préserver l’apparence de la bonne foi, il  fait semblant de traiter le non-art comme si c’était de l’art en le soumettant au discernement du jugement esthétique. Il écartera Cloaca de Wim Devoye  comme « insolite », certes, mais « de mauvais goût » et accueillera un tableau de Rebeyrolle parce qu’il rend «présente l’angoisse du siècle ». Quant aux sculptures de Kittiwatsu Unarom, elles sont « peu ragoûtantes »; on n’en saura pas plus. L’essentiel pour Jimenez est de faire croire qu’on est toujours dans le jugement de goût dont seraient incapables ceux qui protestent contre la volonté d’imposer le non-art au public. A moins que l’intolérance de ces « râleurs et ronchonneurs patentés » ne soit une nème mise en scène de la  « Querelle des Anciens et des Modernes ».

Jimenez ferait mieux de retourner sur les bancs de l’école pour y écouter un cours sur cette fameuse « querelle ». Il apprendrait à cette occasion que les grands modernes : Boileau, Racine, Molière, La Bruyère, étaient partisans des « anciens » alors que les champions des modernes se recrutaient parmi des auteurs de seconde catégorie qui, faute de savoir le grec et le latin, ne pouvaient comparer les auteurs. Ne donnaient-iIs pas Mlle de Scudéry comme exemple de génie contemporain pouvant rivaliser avec les anciens ? Un autre moderne, plus tardif, le duc de Chesterfield, écrivait à son fils qu’il devait tenir pour un axiome que la Henriade de Voltaire était supérieure à l’Enéide et celle-ci à l’Iliade ! Est-il nécessaire de préciser que les « ronchonneurs » dont se plaint Jimenez ne sont pas assez stupides pour juger Murakami inférieur à Michel-Ange ou même à Le Brun? Dans la Querelle des anciens et des modernes, les participants comparaient ce qui est comparable ce qui n'est pas le cas quand on oppose au grand art un quasi-non-art. Jimenez le sait parfaitement, c’est pourquoi il ne s’attend pas à ce que nous autres « esprits chagrins » admirions Murakami, il nous exhorte seulement à lui accorder « un petit sourire » !