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19/06/2009

En matière d'art Alain Badiou est du côté du grand capital

Badiou se plaint « d’une propagande qui dénonce le caractère « dépassé » des avant-gardes » (Cf.L’Ethique Nous, Caen 2003 p 79). Comme toujours il aime bien (et trouve habile) de se placer, contre l’évidence,  du côté des victimes. Qui peut le prendre au sérieux quand il suggère que les médias hostiles aux avant-gardes exercent une pression massive sur les artistes et les intellectuels alors que chacun  constate que la pression s’exerce en sens contraire. Badiou ne s’est pas rendu compte de ce que ce sont les tenants de l’avant-gardisme lui-même qui ont renoncé vers 1975 à l’expression « avant-garde parce qu’elle les rendait ridicules pour lui substituer « art contemporain » dont la fonction d’exclusion de l’art est exactement la même.

Le mécénat du grand capital en France finance exclusivement le non-art et contribue ainsi, parallèlement à l’action de l’Etat, au verrouillage du dispositif qui interdit la création artistique. Il le faut pour rendre possibles les jeux spéculatifs auxquels le non-art est seul à se prêter et aussi parce que le non-art ne peut coexister avec l’art. Cette action est menée notamment par l’intermédiaire de fondations comme celles mises sur pied par Pinault et des entreprises appartenant au secteur du luxe telles que Cartier, Hermès, LVMH, Bernard Arnault, Bernardaud, Rolex, Guerlain. Le budget publicité de ces maisons est colossal et permet de s’assurer une couverture favorable par les médias. On ne s’explique pas autrement le monopole de la propagande qui promeut l’académisme anti-artistique dans notre pays prétendument démocratique. Face à ces réalités il est clair que les attitudes révolutionnaires de Badiou ne sont rien d’autre que des poses pour la galerie.     

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07/06/2009

Faiblesse du non-art, force de l'art véritable

Selon le Monde 7-8 juin, le succès de la deuxième édition de la Force de l’Art aurait été « mitigé pour le Grand Palais ». Soyons sérieux, parler d’un résultat désastreux aurait été plus juste. Il y eut cette fois-ci moins de 18.000 visiteurs contre 65.000 en 2006. Encore ce dernier chiffre doit-il être relativisé en le comparant avec ceux atteints par le Salon au XIXe siècle. Les cohues qui s’y pressaient atteignaient les 630.000 pour 1874[1], par exemple, à une époque où la région parisienne comptait quatre fois moins d’habitants et quinze fois moins de bacheliers. Faut-il s’en étonner ? Le public de l’art est forcément beaucoup plus nombreux que celui du non-art. 

 


[1] Cf. Gérard-Georges Lemaire : Histoire du salon de peinture, Klincksieck 2004 p 212.

 

 

 

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15/02/2009

Le bonheur dans la décroissance

J’ai à plusieurs reprises prôné la décroissance pour sauver la planète et donc nous sauver nous-mêmes. Certains imaginent que l’opinion publique n’accepterait pas les sacrifices exigés par une telle politique et la jugent  « irréaliste ». Mais outre qu’ils sous-estiment le bon sens du peuple, ces bons apôtres négligent un fait capital établi maintes fois par des enquêtes d’opinion. Il n’y a aucun lien, aucune corrélation, entre la croissance du PIB et le sentiment de bonheur ou de satisfaction à l’égard de l’existence. En trente ans, de 1973 à 2003, ce dernier n’a pas bougé en France à quelques minimes fluctuations près, alors que le PIB passait de 100 à 170 (Le Monde du 20-21 janvier 2008). Un sondage analogue aux Etats-Unis a donné un résultat équivalent. De 1974 à 2004 l’indice de bonheur a augmenté de 2,3 à 2,5 (ce qui n’est pas significatif étant donné l’ampleur des fluctuations) alors que le PIB passait de 20.000 à 38.000 dollars par tête (Le Monde du 29 janvier 2008) Ainsi tout laisse penser qu’une chute du PIB pourrait être neutre du point de vue du sentiment subjectif du bonheur et pourrait même l’augmenter par suite de l’élimination d’une foule de nuisance qu’elle entraînerait dans son sillage.

 

      

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12/02/2009

L'Etat national n'est pas mort

Il y a peu encore, le monde semblait appartenir aux principaux bénéficiaires de la globalisation : les firmes géantes de la finance, de l’industrie et des transports. Feu Samuel Huntington a cité un cadre dirigeant d’une grande entreprise qui « prédisait avec assurance » que bientôt « les seuls qui se soucieront des frontières nationales seront les politiciens ». Avec la crise, on a vu les banquiers et les industriels se refugier sous les ailes protectrices de leurs Etats nationaux. « Big government is back », comme disent les Américains. Apparemment, déchiffrer le sens de l’histoire est un exercice aussi risqué pour les capitalistes qu’il l’était pour les marxistes de naguère.

17:22 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)