07/07/2009
Réflexions sur le livre de Marc Fumaroli
Ayant terminé la lecture du livre de Marc Fumaroli Paris-New York et retour, je voudrais vous proposer quelques réflexions et commentaires qu'il m'a inspirés.
Son orientation générale est très critique vis-à-vis du prétendu "art contemporain" qu'il lui arrive de qualifier de non-art. En revanche il est favorable au modernisme jusqu'et compris l'abstraction et cela malgré la continuité entre l'un à l'autre. J'y reviendrai.
On se souvient des critiques que j'ai adressé au livre de Louis Harouel et à son explication de la dissolution de l'art par l'invention de la photographie. Or le procédé de reproduction mécanique des images perçues ne doit pas être pour autant disculpé. A la page 492, Fumaroli observe que l'image photographique s'est imposée chez les peintres "comme substitut du dessin d'étude". Telle est en effet la cause de l'influence néfaste exercée par la photographie. L'étude d'après le motif incitait l'artiste à une première interprétation et stylisation de la forme alors que face au document photographique le dessinateur n'a pas la possibilité d'en tirer une version plus expressive et lisible faute de pouvoir se déplacer par rapport à elle de façon à en faire apparaître toutes les potentialités. Il en résulta un net appauvrissement de la créativité.
Fumaroli déplore que la France soit reléguée à la 5e ou 6e place sur la scène de "l'art contemporain". Or cette place reflète le rang de notre pays parmi les puissances industrielles. Pour qu'il en fût autrement, il eût fallu avoir affaire à de l'art, acheté pour sa valeur esthétique et pour le plaisir qu'il nous procure. Dans ce cas, un milliardaire américain aurait pu préférer un tableau français à l'oeuvre d'un compatriote. En l'absence de tout critère, dont le principal est la délectation, d'autres motivations sont déterminantes tels que les calculs spéculatifs, le tapage fait par les médias anglophones, le "retour sur image" etc. Voilà pourquoi la France a fait un marché de dupe en se mettant à la remorque de New York et en vendant son âme au génie qui toujours nie.
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27/06/2009
Michel Deguy raciste
Dans un texte d'une intollérance haineuse inséré, parmi d'autres du même acabit, Michel Deguy écrit ceci: "Allemagne chrétienne décida qu'une partie de l'humanité ne devait plus exister. Oui ou non, l'Allemagne était-elle chrétienne? Oui. Oui ou non, les Allemands ont-ils exterminés les Juifs d'Europe? Oui"(1). Aux yeux de l'auteur cela justifie la mort des chrétiens "Ils auront vécu", dit-il, au sens latin comme "a vécu la jeune Tarentine".
Eh bien à ses questions rhétoriques c'est très catégoriquement que je répondrai non. L'Allemagne n'était pas chrétienne. Une partie l'était. Ce ne sont pas les Allemands qui ont exterminé les Juifs, des Allemands l'ont fait et ceux qui ont donné les ordres étaient tous furieusement hostiles dans le style nietzschéen au message du juif pacifiste Jésus, notamment Hitler. Lorsque certains de ses fidèles l'interrogèrent sur sa très relative mansuétude envers les chrétiens, il leur répondit : "Leur tour viendra. Ils ne perdent rien pour attendre mais maintenant la priorité c'est de gagner la guerre.
En extrapolant de la partie au tout, en faisant peser sur la totalité des membres d'une nation passés, présents et futurs la culpabilité de la Shoah, Deguy fait preuve d'un racisme typique. Il partage avec Hitler cette idéologie criminelle et une détestation des chrétiens non moins fanatique.
(1) Cf. Pourquoi nous ne sommes pas chrétiens, Max Milo Editions, 2009, p 16.
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24/06/2009
Les qualités esthétiques sont objectives
La vie postume de certains grands artistes a connu de longues éclipses. J.-S. Bach fut oublié pendant huit décennies jusqu'au moment où Mendelssohn l'exhuma; Vermeer, dont les tableaux ont toujours eu la cote en vente publique, n'est entré dans l'histoire qu'au XIXe siècle grâce au critique Thoré-Burger; au XXe siècle les toiles de Guido Reni ont longtemps séjourné dans les réserves du Louvre avant de retrouver les honneurs des cimaises par la volonté d'un nouveau directeur, Rosenberg. On aurait tort, cependant, de conclure de cette existence intermittente que les qualités esthétiques des oeuvres d'art ne leur sont pas intrinsèques. Ce qui est objectif n'est pas toujours perçu par les spectateurs. S'il arrive qu'à une période ces qualités semblent s'estomper pour s'entensifier à la suivante, comme ce fut également le cas pour les peintres pompiers, cela tient aux fluctuations de la mode et aux changement dans la sensibilité du public induits par les transformations de la société. C'est que les propriétés esthétiques d'une oeuvre d'art ne sont pas les seules à déterminer le jugement la concernant, quoiqu'elles finissent par l'emporter. Les préjugés idéologiques y sont pour beaucoup. Cependant sur le long terme un consensus s'impose qui ne peut s'expliquer si l'on ne le rapporte pas à des traits objectifs.
En voici la preuve. On peut évaluer à 25.000 environ les peintres ayant exposé régulièrement dans les salons des pays européens au XIXe siècle. Consultons l'index des histoires de l'art publiées depuis une centaine d'années par des auteurs dont les préférences artistiques étaient sûrement très dissemblables. Pourtant une cinquantaine de noms sont présents dans tous ces livres. D'autres figurent dans les uns et pas dans les autres. En revanche 98% des peintres sont ignorés par tous les ouvrages de synthèse. Certains incluent Charles Tournemine, d'autres pas. Mais si la question se pose pour ce peintre, elle ne se pose pas pour Eugène Pavy ou Hortense Richard qui pourtant ont eu leur instant de gloire. La seule explication est que les auteurs partagent les mêmes critères d'exclusion et que certaines caractéristiques qui inclinent à écarter une oeuvre ne dépendent pas du seul goût idiosyncrasique variable selon les individus.
Sans un concensus fondé sur des critères objectifs l'histoire de l'art ne serait pas possible car elle suppose la distinction de ce qui mérite d'être retenu.
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19/06/2009
En matière d'art Alain Badiou est du côté du grand capital
Badiou se plaint « d’une propagande qui dénonce le caractère « dépassé » des avant-gardes » (Cf.L’Ethique Nous, Caen 2003 p 79). Comme toujours il aime bien (et trouve habile) de se placer, contre l’évidence, du côté des victimes. Qui peut le prendre au sérieux quand il suggère que les médias hostiles aux avant-gardes exercent une pression massive sur les artistes et les intellectuels alors que chacun constate que la pression s’exerce en sens contraire. Badiou ne s’est pas rendu compte de ce que ce sont les tenants de l’avant-gardisme lui-même qui ont renoncé vers 1975 à l’expression « avant-garde parce qu’elle les rendait ridicules pour lui substituer « art contemporain » dont la fonction d’exclusion de l’art est exactement la même.
Le mécénat du grand capital en France finance exclusivement le non-art et contribue ainsi, parallèlement à l’action de l’Etat, au verrouillage du dispositif qui interdit la création artistique. Il le faut pour rendre possibles les jeux spéculatifs auxquels le non-art est seul à se prêter et aussi parce que le non-art ne peut coexister avec l’art. Cette action est menée notamment par l’intermédiaire de fondations comme celles mises sur pied par Pinault et des entreprises appartenant au secteur du luxe telles que Cartier, Hermès, LVMH, Bernard Arnault, Bernardaud, Rolex, Guerlain. Le budget publicité de ces maisons est colossal et permet de s’assurer une couverture favorable par les médias. On ne s’explique pas autrement le monopole de la propagande qui promeut l’académisme anti-artistique dans notre pays prétendument démocratique. Face à ces réalités il est clair que les attitudes révolutionnaires de Badiou ne sont rien d’autre que des poses pour la galerie.
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