01/02/2009
Le Salon avait du bon
Pour le peintre mieux vaut travailler à une époque où le « Déjeuner sur l’herbe » est injustement écarté du Salon par un jury appliquant ses critères esthétiques avec étroitesse d’esprit que d’endurer des temps où il n’y a pas de critères du tout.
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30/01/2009
Philippe Dagen et le non-art
Sur le non-art, la position de Philippe Dagen a toujours été indécise, oscillante, vacillante aussi loin qu’on remonte en arrière. Dans un article du 4 mars 1987, il faisait un éloge dithyrambique de Daniel Buren à l’occasion de sa rétrospective au musée des Arts décoratifs où il était en effet à sa place. Le critique du Monde remarquait quand même ceci : « parce qu’il semble peu soucieux d’abandonner ses rayures – par souci évident d’orthodoxie moderniste – Daniel Buren est dans la position d’un musicien qui tenterait d’écrire un concerto sur une seule note ». Et il ajoutait : « la contestation s’est changée en académisme […] le musée a eu définitivement raison de celui qui voulait en finir avec tous les musées ». On ne saurait mieux souligner les inconséquences de Buren qui sont celles de toutes les avant-gardes. Leur mérite supposé réside dans une posture transgressive impossible à tenir durablement. Cependant Dagen s’abstient de tirer les conclusions logiques de ses constatations à savoir que les productions de Buren, qualifiées par lui-même de simplement décoratives, sont insignifiantes même en tant que telles et, à plus forte raison, du point de vue de l’art qui va toujours au-delà du décoratif.
18:51 Publié dans Art / Non-art | Lien permanent | Commentaires (0)
28/01/2009
Responsabilité personnelle et mécanismes du marché
L’homme d’affaires n’est pas un sujet libre dont les décisions pourraient être jugées selon des critères autres (moraux par exemple) que l’optimisation de sa gestion en termes de profit. Il ne lui est pas loisible de se conformer ou non à cette rationalité. Le détenteur du capital en est le fonctionnaire au sens où il travaille nécessairement à son accroissement indéfini. Comme les entrepreneurs sont en concurrence ils sont incités à investir dans l’innovation technique dont ils escomptent un accroissement de productivité ou la création de nouvelles marchandises qu’ils sauront rendre désirables grâce à la publicité. Rien ne les incite à proportionner leur production aux besoins préalablement exprimés, les seuls réels par opposition aux besoins imaginaires induits artificiellement. Comment échapper à ce mécanisme implacable qui pousse l’humanité vers un toujours plus d’objets superflus qui se traduira fatalement en un toujours moins de ressources naturelles indispensables ?
La mondialisation fait émerger tendanciellement un « nous » de l’humanité, nouveau sujet collectif. Ce « nous » s’oppose aux forces de la technique et du marché qui détruisent la planète. En elles-mêmes impersonnelles, ces forces produisent leurs effets en motivant les décideurs qui choisissent l’avantage à court terme de quelques uns (ne pas contrarier les Polonais qui se chauffent au charbon) même au prix de mille ans de souffrances pour tous. Ces décideurs sont des chefs d’entreprises et de gouvernements parfaitement identifiables. Ils sont l’ennemi.
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23/01/2009
La photographie et la mimésis artistique
Baudelaire accuse la photographie d’inciter l’artiste à se prosterner devant la réalité visuelle la plus triviale tout en favorisant dans le public la tendance à ne s’intéresser qu’à la représentation exacte et plate de l’apparence. Aujourd’hui, curieusement, c’est un rôle tout opposé que prête l’opinion à la photographie. Celle-ci se serait chargée de la figuration libérant la peinture de cette tâche et la rendant à sa vraie vocation : la distribution des lignes, des valeurs (plages sombres et claires) et des couleurs sur une surface. Ceux qui expliquent ainsi l’abstraction par l’apparition d’une nouvelle technique se sont-ils demandé pourquoi les anciens Grecs n’ont pas abandonné la sculpture figurative après avoir inventé le moulage, procédé mécanique pour reproduire les corps ? C’est que la mimésis artistique est au service non de la reproduction de ce que chacun peut voir mais de l’imagination et de la délectation esthétique. Il a fallu la généralisation jusqu’à l’absurde de la division du travail par le capitalisme pour rendre plausible cette explication-justification par la photographie d’un phénomène dont les causes sont bien plus profondes. Le déclin de l’art provoqué par ces causes ne s’est pas arrêté à l’abstraction qui triompha passagèrement dans les années cinquante du siècle passé. Ce processus s’est poursuivi implacablement jusqu’à la mort, ou plutôt l’éclipse de l’art dont nous ne sommes pas encore sortis.
19:19 Publié dans Art / Non-art | Lien permanent | Commentaires (0)