Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/06/2010

Agresseurs et agressés

Il n'est pas nécessaire de joindre mon indignation à celle du monde entier au sujet du bain de sang dans la flottille porteuse d'aide humanitaire à Gaza. Je me contenterai d'attirer l'attention sur la riposte de la propagande israélienne. A l'en croire, les militants pro-palestiniens embarqués dans le paquebot Mavi-Marmara étaient les agresseurs. Ce sont eux qui armés de matraques ont attaqué les hélicoptères de Tsahal et pris à partie d'innocentes frégates lance-torpilles. Ces bâtiments et aéronefs faisaient une croisière dans cette zone des eaux internationales sans se méfier. Attention, l'armée israélienne a des preuves ! Elle a fourni une photographie montrant le matériel saisi à bord du Mavi-Marmara. Il fait froid dans le dos. Si jamais les agents du Mossad qui opèrent dans tous les pays prenaient d'assaut ma maison, ils pourraient me tuer "en légitime défense" et prouver leur bonne foi en exhibant des tournevis, des clefs anglaises et des couteaux de cuisine !

29/05/2010

Uniformisation ou génocide (?)

La conception très particulière de l'universalisme que défend Badiou implique de privilégier le Même au détriment de l'Autre et le conduit à rêver d'un métissage général et global. Ce processus effacerait les « vieux particularismes auxquels revint l'honneur d'avoir créé les valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie ». Comme à Lévi-Strauss que je viens de citer, cette perte de diversité culturelle me semble un appauvrissement et un facteur de stérilité. Je pense en outre que Badiou n'a pas le sens des réalités. La preuve en est qu'il prône un Etat Binational en Palestine et la fusion de la France et de l'Allemagne. Ce qui s'y oppose dans les deux cas ce sont des différences irréductibles et potentiellement génératrices de conflits entre les deux peuples ainsi réunis. Le vieux maoïste qu'il est  devrait se souvenir d'une citation du président : « la différence est déjà une contradiction ». Mais pour Badiou ce sont là des considérations qu'il serait désastreux de prendre en compte. « Toute identification nationale, nous dit-il, est une identification des « autres » et celle-ci est un premier pas d'une « marche au massacre »[1]. Une fois encore, le sophiste triomphe chez Badiou. Depuis que le monde existe on a distingué les membres d'une tribu, les sujets d'un prince, les vassaux d'un seigneur, les citoyens d'une cité ou d'un Etat sans que cela conduise à des génocides. Ces crimes du XXe siècle ont eu, de toute évidence, d'autres causes que le classement (pour le coup universel) des individus en termes d'appartenance à un groupe social.


[1] Cf. Badiou / Finkielkraut : L'explication, Lignes 2010, p 71.

25/05/2010

Emission radio : "Picasso, génie ou imposteur?"

Lundi prochain, 31 mai 2010 de 19h30 à 21h 00, Henry de Lesquen reçoit dans son "Libre Journal" de Radio Courtoisie Jean-Louis Harouel et Kostas Mavrakis pour parler de Picasso.

24/05/2010

Badiou de l'avant-garde au pompiérisme

    Je terminerai mon examen critique des opinions de Badiou sur ce qu’il appelle « art » en commentant trois derniers passages de l’entretien accordé à During.

1) « Tendanciellement l’art du XXe siècle se centre sur l’acte plutôt que sur l’œuvre ».

2) « Le XXe  siècle […] a voulu inventer un matérialisme romantique. Soit une dissolution du geste créateur dans le Retour éternel de sa propre disparition. Mais les objets ne reviennent pas, seuls peuvent le faire les actes. D’où l’effacement de l’œuvre derrière son procès d’engendrement ». 

3) « Nous oscillons entre l’abjection de l’excrément rendu visible, et le sacré d’une trace qu’infinitise sa visible invisibilité » 

Mes observations :

- On pourrait aussi bien affirmer que les objets seuls reviennent, par exemple les urinoirs de Gober après celui de Duchamp. Les actes, eux, sont très différents. D’abord ses urinoirs Gober les a fabriqués de ses blanches mains ; ensuite le précédent de Duchamp confère une autre signification (et enlève tout intérêt) au geste de son imitateur.

- Effacement de l’œuvre derrière son procès d’engendrement ? Mais de quoi puisqu’il n’y a pas d’œuvre ? Qu’est-ce un engendrement qui n’engendre rien ? En tant qu’il se prétend œuvre d’art, l’urinoir est un pur néant. Rien n’y disparaît ; surtout pas une sirène (comme dans le sonnet de Mallarmé A la nue accablante tu).

- La troisième citation prouve que Badiou n’a même pas l’excuse d’ignorer ce qu’est l’art contemporain comme la plupart des intellectuels. Doués d’un instinct très sûr, ceux-ci évitent de s’exposer à des expériences pénibles. Lui, au contraire, est assez snob ou assez masochiste pour en courir le risque.

 

 Conscient pourtant de l'impasse où s'est égaré le prétendu art contemporain, notre philosophe considère qu'il lui incombe en tant que vates d'indiquer une issue. Il en propose même plusieurs. S'inspirer de la topologie, faire du cinéma en « inventant une sorte de ''nous'' anonyme comme celui qui unit les mathématiciens », ou encore « rendre visibles les conséquences d'un axiome sur le réel ». Les artistes savent maintenant ce qu'il leur reste à faire. Badiou, lui, s'est bien gardé dans ses œuvres littéraires de suivre ses propres directives : il a innové en démarquant les Misérables de Victor Hugo, La République de Platon, Les fourberies de Scapin de Molière. Impossible de faire plus pompier !