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06/02/2009

La liberté du cinéaste

Je lis un entretien accordé au Monde par Mia Hansen-Love, réalisatrice du film Tout est pardonné (26 sept. 2007). A cette remarque du journaliste : « Votre film s’inscrit dans une veine très classique du cinéma », l'artiste répond : « Je n’ai pas voulu faire un film qui se revendique moderne, ou radical. On est tellement envahi de fausse radicalité, de fausse subversion … »

Question : pourquoi ce qui est possible et acceptable au cinéma ne le serait-il pas en peinture ?

     Lien vers mon site :  http://www.kostasmavrakis.fr/

02/02/2009

Rancière et la peinture en bâtiments

Il m’est arrivé de dire que réaliser des monochromes comme Rodtchenko, puis Yves Klein, Ryman et tant d’autres, était une activité indiscernable de la peinture en bâtiment. Cela semble évident mais pas à Rancière. Il est si confit en idéologie moderniste qu’il tient à l’inverse la peinture en bâtiment pour de l’art et parle longuement du maire de « Tirana, lui-même peintre », faisant badigeonner « en couleurs vives les façades des immeubles de sa ville ». Il voulait ainsi « fusionner l’art et la vie » conformément au projet des avant-gardes du début du vingtième siècle. Rancière nie proposer cette initiative en modèle mais il la donne quand même en exemple de ce que peut être un art ouvrant « des passages possibles vers de nouvelles formes de subjectivation politique »[1]. 



[1] Cf. Jacques Rancière : Le spectateur émancipé, La Fabrique 2008, pp 86-91.

30/01/2009

Philippe Dagen et le non-art

 Sur le non-art, la position de Philippe Dagen a toujours été indécise, oscillante, vacillante aussi loin qu’on remonte en arrière. Dans un article du 4 mars 1987, il faisait un éloge dithyrambique de Daniel Buren à l’occasion de sa rétrospective au musée des Arts décoratifs où il était en effet à sa place. Le critique du Monde remarquait quand même ceci : « parce qu’il semble peu soucieux d’abandonner ses rayures – par souci évident d’orthodoxie moderniste – Daniel Buren est dans la position d’un musicien qui tenterait d’écrire un concerto sur une seule note ». Et il ajoutait : « la contestation s’est changée en académisme […] le musée a eu définitivement raison de celui qui voulait en finir avec tous les musées ». On ne saurait mieux souligner les inconséquences de Buren qui sont celles de toutes les avant-gardes. Leur mérite supposé réside dans une posture transgressive impossible à tenir durablement. Cependant Dagen s’abstient de tirer les conclusions logiques de ses constatations à savoir que les productions de Buren, qualifiées par lui-même de simplement décoratives, sont insignifiantes même en tant que telles et, à plus forte raison, du point de vue de l’art qui va toujours au-delà du décoratif.  

 

23/01/2009

La photographie et la mimésis artistique

Baudelaire accuse la photographie d’inciter l’artiste à se prosterner devant la réalité visuelle la plus triviale tout en favorisant dans le public la tendance à ne s’intéresser qu’à la représentation exacte et plate de l’apparence. Aujourd’hui, curieusement, c’est un rôle tout opposé que prête l’opinion à la photographie. Celle-ci se serait chargée de la figuration libérant la peinture de cette tâche et la rendant à sa vraie vocation : la distribution des lignes, des valeurs (plages sombres et claires) et des couleurs sur une surface. Ceux qui expliquent ainsi l’abstraction par l’apparition d’une nouvelle technique se sont-ils demandé pourquoi les anciens Grecs n’ont pas abandonné la sculpture figurative après avoir inventé le moulage, procédé mécanique pour reproduire les corps ? C’est que la mimésis artistique est au service non de la reproduction de ce que chacun peut voir mais de l’imagination et de la délectation esthétique. Il a fallu la généralisation jusqu’à l’absurde de la division du travail par le capitalisme pour rendre plausible cette explication-justification par la photographie d’un phénomène dont les causes sont bien plus profondes. Le déclin de l’art provoqué  par ces causes ne s’est pas arrêté à l’abstraction qui triompha passagèrement dans les années cinquante du siècle passé. Ce processus s’est poursuivi implacablement jusqu’à la mort, ou plutôt l’éclipse de l’art dont nous ne sommes pas encore sortis.